Dréano défend une chanson d’aujourd’hui qui revendique sa contamination par le “flow” du “slam”. Ce sport de poésie, urbain et populaire, que les décideurs des multinationales du disque souhaiteraient recycler dans sa version lisse, destinée à l’emballage marketing. Peu lui chaut d’ailleurs de séduire des producteurs  et des distributeurs éventuels : c’est la scène et le spectacle vivant qui l’intéressent avant tout.

 

   En ces temps de jeunisme caractérisé, où toute production musicale doit trouver sa cible en passant par le tamis du politiquement correct, la veine sociale de ce chanteur-slammeur quinquagénaire en fait, sur les scènes des bars franciliens, une sorte de Tintin lunaire et caustique, forcément décalé d’un point de vue générationnel mais d’autant plus intéressant et attachant.

 

   Ses mélodies, ses rythmes et ses guitares acoustiques nous  entraînent dans des univers multiples, où les climats musicaux (folk-jazz, blues-funk et parfois latinos) colorent, du sépia au fluo, ses carnets de voyage dans les villes du monde occidental.

 

   Journaliste, enseignant, réalisateur de documentaires, Dréano a toujours cherché les raisons de croire à la fraternité dans les banlieues du XXIème siècle ainsi que dans “ses” villes mythologiques. De laveries automatiques en épiceries arabes. De gares désaffectées en jardins ouvriers. De Paris à Belfast. De Venise à Saint-Denis. D’Hollywood à Belleville. De New York à Montreuil.

 

   Dréano aime se comparer à un griot-baladin, contant “le voyage, l'exil, l'amour et le combat pour le droit de vivre dans la dignité et le respect des différences culturelles”. Quelque part c’est un barde. Voire même un aède, chargé de l’action poétique, au sein de la densité urbaine. Ce qui ne l’empêche pas  d’assumer ses racines bretonnes, même s’il se méfie de ceux qui se disent “être nés quelque part”.