Alibi Montana à l’Elysée-Montmartre en 2007. Je l’ai connu collégien sous le nom de Nicarson Saint-Germain en 1991. Il avait alors 15 ans, venait de perdre son père et vivait aux 4 000 de La Courneuve. Je le trouvais doué et créatif. J’ai aussi connu sa mère qui se faisait du souci pour son fils aîné, orienté en quatrième technologique. Car Nicarson, alias Aliby, ne vivait que par et pour le rap, sa passion dévorante. Avec un ami cinéaste nous avons décidé de le suivre et de filmer ses activités pendant six mois. Ainsi est né mon premier documentaire, intitulé Passe ton rap d’abord. Il est consultable au Forum des images de la Ville de Paris. Après cette immersion dans le monde du hip hop français j’aurais pu rédiger un mémoire de DEA mais j’ai préféré écrire des articles de vulgarisation pour la presse magazine de l’époque. Il fallait bien vivre. D’Alibi Montana, je sais beaucoup de choses et j’ai gardé des archives ; de quoi faire un nouveau film, vingt ans après. Mais le personnage de « gangstarap » qu’il s’est forgé depuis sa sortie de prison ne me fait pas vibrer. S’il venait à se reconnecter au créole haïtien de l’origine familiale, tout en le métissant de la tchatche du 93, je changerais (peut-être) d’avis.

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