Textes : Michel DRÉANO

 

SLAMS

 

Chacun pour soi et Dieu pour tous

 

Sur le sable blanc

Près d'Arromanches face à la mer

Là sur la plage d'Omaha Beach

Pour chasser mon humeur amère

J'ai salué les blancs fantômes

Des soldats noirs morts pour la France

 

Puis j'ai rêvé sous le parasol

De roses de sable aux belles formes

Inconnues en pays de France...

Plus tard dans la ville de Bayeux

Un monsieur d'un ton très sérieux

M'annonçait là qu'à Manhattan

Deux tours jumelles étaient en flamme...

Onze septembre, nine eleven, two thousand one...

Ecran de fumée

Nos regards d'enfants sidérés

Des corps qui tombent et qui s'écrasent

En boucle les images repassent

Jusqu'à plus soif, jusqu'à plus soif...

 

Et l'on me deman-

De choisir mon camp…

Mais quand le vaisseau prend l’eau (ici le feu)

Les rats quittent le navire

Et les boucs émissaires

Écopent à Guantanamo

À Bagdad ou à Gaza

Moi je ne vois que des pauvres hères

Et des mendiants sans domicile

Qui tombent à l'eau, qui tombent à l'eau

À la tombola des salauds

 

Et l'on me deman-

De choisir mon camp…

Mais qui sont les princes qui nous gouvernent

Quand tous les drapeaux sont en berne  ?

Que les cerveaux sont à la casse

Et les vieilles télés à la masse

En boucle les images repassent, en boucle les images repassent…

Et bienvenue dans le désert du réel !

Où je refuse de choisir entre le billet vert protestant « In God we trust » et le pétrodollar mahométan. D’autant que Bush senior, en son temps, a financé les talibans…

 

Chacun pour soi et Dieu pour tous

Qu'on croit ou non au dieu du Pape ou à celui d’autres religions.

Vous qui croyez et pratiquez, je vous laisse prier pour nous. Surtout pour moi qui ne suis ni un roi du pétrole ni un pigeon de métropole. Juste un Poisson agnostique. Qui déambule dans une ville sous le vent, privée d’illuminations pour cause de deuil mondial

 

Soudainement j’ai envie de voir la mer alors je plonge dans la voie lactée

Et je me surprends à chanter :

Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

Et leurs baisers au loin les suivent comme des soleils révolus…

 

 

 

Largué

 

Chez moi plus rien ne marche depuis quelques longs mois

Mais j’vis en centre-ville et je bouffe au Chinois

J’ai niqué mon freezer, je l’avais pas fermé,

Tout a dégouliné jusque dans l’escalier

J’ai changé les programmes d’la machine à laver

Et mes slips en pilou se sont effilochés

Et puis dans l’micro-ondes j’ai mis le baladeur

Pour que sa bakélite me porte bonheur

Puis dans le poêle Godin j’ai mis le coquemar

Pour que son duralumin me fasse un César...

 

Au train-train quotidien j’suis vraiment dépassé

 

Tu m’as souvent r’proché d’être un “loser has-been”

Mais qu’est-ce que je peux faire contre ton look trop clean

Et les tailleurs Chanel de ta vie bien rangée ?

Bref la “carrière-woman” que tu t’es fabriquée

T’as éloigné de moi- ta promotion bravo !-

Mais tes dîners de con avec tes sup’ de co’

J’en ai soupé, basta, je préfère les pizzas

Mais aujourd’hui encore, je n’ai pensé qu’à toi...

 

Au train-train quotidien j’suis vraiment dépassé

Je n’ai plus d’goût à rien depuis qu’tu m’a zappé

 

J’ai app’lé les copains, “Tiens qu’est-ce que tu deviens ?

J’pensais à toi hier -pas osé t’appeler, ben...,

Tu sais bien ce que c’est, les gosses, tu connais hein...”

“- A propos et ta femme, elle a repris le ch’val ? ”

“- Et toi t’es toujours cadre à la Continental ? ”

J’ai dit “ Je sais mêm’ plus, j’y vais les yeux fermés,

La bagnole au radar jusqu’au placard doré

Que l’on m’a refilé, avant de m’licencier...

 

Au train-train quotidien j’suis vraiment dépassé

 

Ma vie part en lambeaux comme une peau de chagrin

De quoi avoir le spleen, variante blues qui craint

Escagassé vraiment je lance un S.O.S.

Vu que c’est la galère bientôt à l’A.S.S.

Pas besoin d’un mentor pour me remue-méninge

Aujourd’hui même un boulot d’homme de ménage

Ca se trouve pas comme ça sous le sabot d’un c’hval

De Troie des Dardanelles ou dans la capitale

 

 

Au train-train quotidien j’suis vraiment dépassé

Je n’ai plus d’goût à rien depuis qu’tu m’as largué;

 

 

 

Le schlimazl

 

À Paris au pletzl en bretzels je me ruine

A Londres, à Whitechapel, j’imite Charlie Chaplin

En schlémil je m’entraîne dans les rues de Brooklyn

Pour que Woody Allen me  prenne dans ses films

 

Je suis le schlimazl, le bouboule, le pataud,

Du plus riche sthtel au plus pauvre ghetto

Dans les rues on rigole quand je m’prends un rateau

Mai j’suis pas l’seul à fair’ rire Margot…

 

Öy, öy, öy vay iz mir öy !.Vay iz mir. Öy, öy, öy, vay iz mir

 

Ma grand mère de Russie prépare le chou farci

Quand l’autre de Pologne m’asperge d’eau d’Cologne

Moi le nul en cuisine leurs petits plats me minent

Bref, le jour du sabbat je n’mange que des abats

 

J’entretiens ma carcasse, régime gym, falafel

Je repouss’ la menac’ du halva, du strudel

Pourtant je ne résiste plus quand on m’appelle

Pour le gëfilte fish au poivre et sel

 

Öy, öy, öy vay iz mir öy. ! Vay iz mir. Öy, öy, öy, vay iz mir

 

Je crois bien que la Lune rien que pour me chercher

S’unirait à Saturne pour me fair’ trébucher

C’est vrai je suis « tzidraît », David hurluberlu

Mais contre dix Goliath je n’m’avoue pas vaincu

 

Pour nous les maladroits, manchots mais pas crétins

Vivant la diaspora de ce monde incertain

Je voulais témoigner de ma rage d’aimer

Mêm’ si j’suis né sous l’étoil’ des distraits

 

Öy, öy, öy vay iz mir öy !.Vay iz mir. Öy, öy, öy, vay iz mir

 

À Paris au pletzl en bretzels je me ruine

A Londres, à Whitechapel, j’imite Charlie Chaplin

En schlemil je m’entraîne dans les rues de Brooklyn

Pour que Woody Allen me case dans ses films

 

Je suis le schlimazl, le bouboule, le pataud,

Du plus riche sthtel au plus pauvre ghetto

Dans les rues on rigole quand je m’prends un rateau

Mai j’suis pas l’seul à fair’ rire Margot…

 

Öy, öy, öy vay iz mir öy !.Vay iz mir. Öy, öy, öy, vay iz mir

 

 

 

Dans Pokémon 

 

Tomb Raider m’a piqué au survitaminé

Mes circuits sont niqués, je suis contaminé

Me voilà « chocolat » et mon compte est bloqué

Faut qu’j’y mette le holà mais c’est dur d’arrêter !

 

Je dépens’ tout mon fric en consol’ Play Station

C’est pas très dynamiqu’ mais le monde m’assomme

Je préfère mon joystick et mes jeux vidéo

Aux joutes politiques, je n’ai plus d’idéaux

 

J’suis cyberdépendant, mon toubib est formel

Porteur sain d’un virus qui peut-être mortel

Rivé à mon écran, je n’ai qu’une idée fixe

Abolir l’espace-temps comme l’élu Matrix

 

Je suis complèt’ment ouf’ à côté d’mes baskets

Gambergeant sous la touffe à cause d’une scarlette

Qui m’chauff’ la libido comme un’ Barbarella

Pixellisée Bimbo, nana-mec plus ultra

 

Tiens voilà Lara Croft bande-annonce le clip

Mais l’écran a bogué avant la fin du strip

J’ai cru mon disque dur plombé par un virus

Et tout a débondé dans l’hypothalamus

 

J’suis quoi dans Pokémon ? Dans l’bazar, dans l’trafic ?

Mystère et boul’ de gomme,

J’en perds mon sens pratique

 

Sans pitié ça bastonn’, ça gicle et ça s’étripe

Ca râle et ça cartonn’ et voilà que je flippe

Quand les super héros se font brut’ sanguinaires

S’abreuvant du plasma des écrans planétaires

 

Je suis bien trop souvent à côté d’mes socquettes

À me prendre la tête sur des giga-octets

Demain c’est décidé j’revends ma Nintendo

Ras-le-bol des consoles, je reprends le judo

 

Eh ! J’suis quoi dans Pokémon ?

Dans l’bazar, dans l’trafic 

Mystère et boul’ de gomme,

Pikachu piqu’ mon fric…

 

J’suis quoi dans Pokémon ?

Un clown ou un clone ?

 

 

 

Miam-Miam Slam (Hum ! ça sent bon la bouffe, Aladin !)

 

D’abord les araignées de mer et les bulots

Mieux vaut bien les saisir et dans la meilleure eau

Farcir les aubergines, hacher les champignons

Peler bien les tomates, écraser les oignons

Pour le potimarron : le safran, la sarriette

Pour la purée carotte :  le piment d’Espelette

Faites mousser les blancs avec du chocolat

Et pour aphrodisiaque une noix de cola…

 

Hum ! ça sent bon !

 

Préparez vos papilles pour la poule faisane

Cell’ qui conserve encor’ la saveur paysanne

Pluviers, pigeons, perdrix, pintades et hallebrans

Gélinottes, bécasses, outardes et ortolans

Ca devient un cass’-têt’ de choisir la volaille

Mais ça rapproch’ du ciel et masque l’odeur d’ail

Qu’empestait le bon Roi qui maria Margot

Et qui troussait les cailles le jour des poules au pot…

 

Hum ! ça sent bon !, Hum ! ça sent bon !

 

Bouff’, bouff’, bouff’, Aladin

Fous-toi z-en plein la lampe,  Hein !

Touill’, touill’, touill’, mon coquin !

Et t’auras trois étoiles. Au Mich’lin !

 

Ni Bordeaux, ni Bourgogne, sinon on se fourvoie

Je propose, quant à moi, le vin jaune d’Arbois

Et chantent les gourmets, les gourmands plantureux !

Rôtisseurs ou sauciers, les plus grands maîtres queux

« Français » ! sont les sorciers de l’art de rendre heureux

Nos estomacs grincheux, nos palais sourcilleux

Nos Chefs sont les docteurs des cervelles et des queues

De cochons omnivores que nous sommes tous un peu…

 

Bouff’, bouff’, bouff’, Aladin

Fous-toi z-en plein la lampe,  Hein !

Touill’, touill’, touill’, mon coquin !

Et t’auras trois étoiles. Au Mich’lin !

 

Humm !, ça sent bon. Hum ! ça sent bon !

Nos Chefs sont des maboules de la science de goule

Nos Chefs sont les sachems de nos plaisirs suprêmes.

 

 

 

Ali Râleur (slam du gâs de schnorr)

 

Salut Ali râleur pour tes quarant’ balais

Allez j’te paye un verre de Champagne au troquet

Pourquoi t’es mal luné ? T’as pas assez d’monnaie ?

Tu t’es mis le compteur mais tu n’es pas trop laid

C’est pas l’Enfer du Nord ta courée à Roubaix

Aucun môm’ n’y est mort fauché par un poulet

Y’a plus un seul toubab et le toubib est feuje

Et tout cela vaut  bien l’clair de lune à Maubeuge

 

Chop’ le slam du gâs de Schnorr

 Ni bobo, ni baba, ni kakou ni cador

 

Pourquoi tu fais la gueule ? Dis pourquoi tu te butes ?

Oui ta génération, la deuxième, on l’insulte

Mais ton verbe est puissant et le mouv’ment aussi

Quand tu montes sur la scène avec tout ton possee

Et là tu fais l’amour avec la langue française

Tu lui caresses la peau, tu jett’ ses charentaises

Tu lui fais rendre gorge, lui hérisse le poil

La limant longuement, polissant son cristal…

 

Station Wazemmes Maison Folie,

Tout  Lille l’aime le slam d’Ali

Il a du cœur, il a des tripes

Il a pas peur qu’on participe

 

Mon pote Ali il est du Nord

Ali le chti, il est de Schnorr

Du P’tit Quinquin c’est l’orateur

Et c’est quelqu’un Ali Râleur…

 

Il sait bien qu’il réussira

À Lille ou Essaouira

À monter sa p’tite entreprise

Import-export de friandises
En attendant tous les sam’di

Dans sa petite épicerie

Il ouvre au slam sa poésie…

 

 

 

Ne touchez pas les pôles

 

Ne touchez pas l’épaule du cavalier qui passe, il se retournerait et…

Ce serait la nuit

Une nuit sans étoiles, sans courbes ni nuages
 

Ne touchez pas l’épaule du cavalier qui passe, il se retournerait et…

Disparues les cavernes et les grottes souterraines

Des habitants de notre chère terre d’Alaska à Lascaux

Du teepee à l’igloo brûle l’étincelle, arbre et feu de la vie

 

Ne touchez pas l’épaule du cavalier qui passe, il se retournerait et…

Engloutie New-York City comme le fut l’Atlantide et la ville d’Ys

Les laveurs de carreaux au sommet des gratte-ciels chantent l’air des Cheyennes

Et les sirènes pleurent la mort des baleines

 

Etrange message des âges, présage du vol du sphinx dans le grand bocal d’étoiles du cosmos

 

*Ne touchez pas l’épaule du cavalier qui passe, il se retournerait et…

Ce serait la nuit

Une nuit sans étoiles, sans courbes ni nuages
Alors que deviendrait tout ce qui fait le ciel, le soleil, les étoiles ?

Il vous faudrait attendre qu’un second cavalier aussi puissant que l’autre consentît à passer…

 

Ne touchez pas les pôles…

 

(* en italique l’extrait du poème original de Jules Supervielle)

 

 

 

C’est Thelonious

Texte : Michel Dréano / Musique : Marc Havet

 

Qui ?

Frott’ son silex aux mill’ menhirs de Manhattan

Quand les poètes de la Grosse Pomme font leur ramdam ?

 

Qui ?

Inspiré par le chant profond des Algonquins

Et la fumée du calumet amérindien ?

 

Qui ?

Aux équinoxes et aux éclipses, flocons de neige,

Va fair’ tanguer sur son clavier, tout un  manège ?

 

C’est Thelonious, c’est Thelonious

Le moine fou

Au chapeau mou

Qui rôde autour de minuit

 

Qui ?

Va chaloupant dans les lumières de Tribeca

En psalmodiant sa mélodie a cappella ?

 

Qui ?

Inspiré par les plaintes rauques des Iroquois

Dans les clairières du quaternaire des séquoias ?

 

Qui ?

Creuse son sillon de plaisir dans le saphir

Du rayon vert des cordes d’acier du désir ?

 

C’est Thelonious, c’est Thelonious

Le moine fou

Au chapeau mou

Qui rôde autour de minuit

 

Qui ?

Creuse son sillon de plaisir dans le saphir

Du rayon vert des cordes d’acier du désir ?

 

C’est Thelonious, c’est Thelonious…

 

 

Oasis

Michel Dréano / Slimane Chabouni

 

Souvent je pense à l’oasis

Où un musulman solitaire et aveugle

M’avait accueilli comme un fils

Moi l'infidèle, le libertaire

En me disant comme ça :

 

« Eh ! Roumi ! Sois le bienvenu !

Même si tu mordis dans la pomme de la gazelle défendue

Viens avec moi dans ma guitoune

Et lis-moi l’Histoire d’Hérodote

Qui vit Babylone et l’Afrique

Sache que je fuis le fanatique

Et l’anathème de l’hystérique

Qui n’a que la haine pour viatique

Quant à ces loups de la finance

Et leurs obligations pourries


Qu’ils crèvent de leur arrogance

Et qu’ils s’étouffent dans leur mépris !

Jamais ils ne connaîtront la paix du désert

Quand la nuit dessine l’ombre de l’Aïr sur la dune,

Que des silhouettes jouent du tindé

Et que les palmiers s’étirent vers la lune 

 

 Eh !  Roumi ! Sois le bienvenu !

Même si tu mordis dans la chair du  « jalouf » qui m’est défendu.

Viens avec moi dans ma guitoune

Et je te raconterai l’histoire du chamelier.»

 

 

Bling Bling Maffioso (Mamma mia !)

 

Enfoncé Al Capone, battu le Corléone

Aujourd’hui les mafieux mâchent un autre chewing gum

Que celui d’Hollywood du ciné de papa

Dès leur plus tendre enfance ils ont franchi le pas

Gavés de gangstarap, ils ne pensent qu’à l’argent

En 4 x 4 clinquant, encore adolescents,

Ils attirent les filles qu’ils violent en les droguant

Les jettent sur le trottoir et leur sucent le sang

 

Mamma Mia !

 

Vulgaires et arrogants, incultes et l’air vainqueur

Ils sortent nuit et jour avec leurs rabatteurs

Bling-bling, sans foi ni loi, ils n’ont pas peur du Styx

Ils nagent en eaux troubles dans des pays sans fisc

 

Mamma Mia !

 

Au fond de leurs piscines ils frayent avec des squales

Dont la combinaison est un gilet pare-balles

Ils siphonnent en liquide et pompent le pécule

Des petits épargnants et sans aucun scrupule

Qu’ils soient Nippons, Chinois, Moldaves ou Gagaouzes

Ritals, Américains, ils ont horreur des rouges

Et vraiment, plus rapace qu’eux tu meurs vivant

Si tu touches au grisbi qu’ils planquent aux Caïmans

 

Mamma Mia !

 

Dans la marée des chiffres et le yoyo des Bourses

Vous allez l’regretter ce bon vieux cinéma

De papa où Scarface en Tony Montana

Et Brando en Parrain c’était du Bisounours

 

Mamma Mia !

 

 

 

Canal Franglish

 

L’autre jour j’étais invité à une fête de la chaîne cryptée nationale. J’avais laissé traîner un magnéto dans ma poche. Et en rentrant chez moi, j’ai noté ceci :

« Je suis overbookée et mon corporate partner est trop speed. J’avais mis les warnings pour lui faire comprendre qu’il était un peu naze avec son look super straight. Il n’a rien capté le con ! Et je crois qu’il m’a trouvé un peu trop space. Alors, j’te dis pas : si Canal est encore « the place to be » lui c’est loin d’être le « right man in the right place ». Bref, à la fin de la rave, j’ai fini par flasher sur un trader qui a monté un business fashion. Je suis sur son listing car il me trouve plutôt cool. A priori c’est un full time job et j’ai un bon feedback de son dircom… Restons cool et « never expect too much ». Car il n’y a rien qui se démode plus que la mode. Et ce qui est « up-to-date »  à un instant T devient très vite dépassé au blind test des teenagers. Et là c’est K.O. par uppercut. Tu me diras « O.K., oldies but goodies » mais, quand même, faut faire gaffe à pas finir vintage ! Sinon c’est le burn out assuré et le lifting qui craque… Sinon, c’est sûr que, pour nous autres, du service marketing, l’access prime-time aux stars du stand up c’est mieux qu’un gala « checkpoint » groovy, avec M.C. et deejay hip hop, dans le dernier dance-hall tendance. Mais, à y réfléchir, on aurait tous intérêt, nous les cadres performants, à s’offrir un brainstorming et un relooking d’enfer. Sinon, pas besoin d’un benchmarking pour anticiper le turnover des has been à la louse et des webmasters borderline qui passent leur temps à coocooner ou à faire du shopping sur E-Bay.

J’ai checké un pote qui vient d’avoir une promo au service management et il m’a confirmé que, plutôt que de faire du lobbying pour le jackpot d’un training ou d’un coaching en congé de formation, l’idéal serait de se construire un storytelling punchy, avec un packaging de la mort, de façon à créer un buzz (de derrière les fagots) pour une success-story à faire baver les losers… T’y coupe pas en fait, il faut être clean et formaté winner. Sinon tu te crashes et t’es bon pour le breakdown. Ou alors pour le speed dating avec ton manager en week-end. Et moi je suis pas trop open pour ce plan B. En plus, je me suis connectée sur sa page Facebook et je me suis aperçue qu’il organisait des plans culs avec des hackers en passe de faire leur coming out avec des drag-queens ! Bref la cata, je te dis pas le trip. Tu parles d’un truc de ouf ! J’préfère encore me farcir un concert unplugged de Frédéric François, au backstage avec des roadies bourrés à la Corona qui se font des rails de coke en « live » devant toi ! En fait, si je gère encore pas trop mal mon stress, je veux pas finir blacklistée, bonne pour le stand-by en open space. Ou à l’arrache comme hôtesse d’accueil à galérer en jogging sportswear pour que les people fassent une fixette sur ton brushing flashy et un zoom sur tes miches. Tandis que la pétasse cheap du service photocopie se la joue « R n B * » et sex-toy avec le boss !

À propos, ton interview sur les vrais-faux starting-blocks des sprinters dopés, t’as réussi à le dealer en deadline ? Aux dernières nouvelles, les mecs du desk faisaient le forcing pour que ça clashe avec le frontman. D’ailleurs, en off, je peux te donner le scoop : ils considèrent que ton truc c’est du features et pas du news… Mais tu t’en tapes et t’as raison sur le fond. Il faut juste faire un fucking …Euh… un focus pour le fun.

Allez, je te laisse deux minutes : il faut que j’aille mettre des pièces dans l’horodateur du parking. Ils sont restés super roots dans ce quartier de V.I.P. À propos, j’te fais un package de dinner TV pour ce soir ? Est-ce que ça te dirait de faire un break dans mon living cosy et qu’on se tape un truc bien gore sur Channel Four ? Tu sais, un vieux western de série Z, genre Sartanas si ton bras gauche te gêne coupe-le ! Et après, seulement après, t’auras enfin le final cut sur ma li…pô. C’est quand même plus soft que de chatter sur Meetic, non ? »

No comments.

* prononcer « Ar/ ène/ Bi » avec l’accent anglais.

 

 

 

La guerre des images

 

Je m’en vais mon chemin dans le décor tragique

Dont les habitants souffrent du mal cathodique

Je voudrais m’arrêter mais je n’ai pas le temps

Une cadence infernale se cal’ sur mes tympans

Mon implant cocléaire m’envoie des vibrations

Sous l’oreillette droite qui donne ma position
J’attends les directives du chef des rédactions

Lequel m’a envoyé sur la ligne de front

Je suis un reporter correspondant de guerre

Payé par une chaîne qui copie CNN

Mon training efficace m’a très tôt affranchi

Des tabous de l’espèce dont je suis le produit

Pourtant je suis encore capable d’émotions

Juste ce qu’il faut pour conduire ma mission :
Capturer le chaman du peuple sans images

Et le livrer vivant à tous les téléphages

 

C’est la guerre des images, nouvelles du nouvel âge

 

Les gazett’ du bizness ont craché le pactole
Pour un scoop à la une et ça sent la racole
Les quotidiens du soir secouent leurs marronniers

Quand les “abdosmadaires” ont parié sur les branchés

Le quatrièm’ pouvoir se courb’ en révérence

Et les patrons de presse cir’ les pompes aux finances

Le spectacle est partout, il est mêm’ dans le vent

La marchandise règne sur l’espace et le temps

Je détourne les yeux des flashs publicitaires

Les images se consument aussi vit’ qu’un éclair

Les réseaux me bombardent de nouvelles en cadence

Et les infos m’assomment de clichés de violence

Alors l’envie me vient de courir sur les plages

Le long de l’océan pour prendre l’air du large

Je suis las de ce cirque où les oiseaux de feu

Battent de l’aile dans leurs cages alors que le ciel est bleu...

 

C’est la guerre des images, nouvelles du nouvel âge.

 

 

 

Le Djeli

 

Malinké, toubou, bambara, soninké, dogon, dioula, baoulé, mossi, haoussa, banyamulengé, yoruba

 

Je suis griot, je suis Djeli

Conteur musicien au Mali

Mon cousin à plaisanteries

M'avait tant parlé de son Paris

Que j'ai pris la route Inch Allah

J' étais si jeune en ce temps là...

 

Dans ma valise y'a mon n'goni

Dix noix de cola et deux cauris

Dans mon esprit il y a inscrit

Ce que je vais faire à Paris

D'abord gagner l'argent du puits

Quitte à travailler même la nuit...

 

Malinké, toubou, bambara, soninké, dogon, dioula, baoulé, mossi, haoussa, banyamulengé, yoruba

 

J'ai balayé les quais des gares

J'ai nettoyé de longs couloirs

Il m'est arrivé de pleurer

Dans le petit matin violet

Je me suis senti transparent

Un grand enfant aux yeux des blancs...

 

Je suis griot, je suis Djeli

Alors j'ai repris mon n'goni

Chanté pour le vieux Kéita

Vingt-cinq ans de Sonacotra

Il m'a dit qu'il s'est habitué

Mais je ne l'ai cru qu'à moitié...

 

Malinké, toubou, bambara, soninké, dogon, dioula, baoulé, mossi, haoussa, banyamulengé, yoruba

 

Un beau matin je me suis dit :

"Il faut que je rentre au pays

Car aux lumières de Paris

Je préfère le ciel du Mali"

J'ai réuni tous les amis

Et j'ai chanté cette mélodie...

Malinké, toubou, bambara, soninké, dogon, dioula, baoulé, mossi, haoussa, banyamulengé, yoruba

Malinké, toubou, bambara, soninké, dogon, dioula, baoulé, mossi, haoussa, banyamulengé, yoruba.

 

 

 

Loup-Garou

 

Je m’trimball’ le long des rails

Et v’là soudain que j’décolle

La cervelle qui défouraille

Des pensées qui fusent et volent

À rendre fou

 

Y parait qu’je suis né là

Dans cett’ gar’ désaffectée

Dans l’ plus strict anonymat

Et c’est là qu’on m’a trouvé

Hurlant au loup

 

L’hiver, j’installe une tente

Où ma mère perdit les eaux

Et je colmat’ la charpente

Du vestiaire des cheminots

Dans la gadoue

 

Dans ma turn’ c’est vrai qu’ça caille

Mais faut pas que je picole

Y faut pas que je déraille

Non j’veux pas finir en taule 

À Châteauroux

 

Allongé sur le ballast

Quand j’ regard’ le train passer

Je m’ dis qu’un jour enfin bast’

Ah ! J’ pourrais bien m’transformer

En loup-garou.

 

 

 

D’Hispaniola en Haïti

 

En l’an de grâce 14-92, croyant toucher les Indes,

Les fiers conquistadors accostent sur une île magnifique 

Des indigènes nus viennent à leur rencontre….


…Insulaires à peaux-rouges d’un paradis d’azur

Ils offrirent aux marins leurs plus belles parures

Paradant dans des plumes brillant de mille éclats

Christophe Colomb nomma cette île Hispaniola

Puis à Valladolid d’onctueux ecclésiastiques

Se demandèrent si ces créatures bibliques

Méritaient le baptême catholique et romain

L’évangélisation et la messe en latin… Ayti te souviens-tu ? BIS

Troquant sa verroterie contre l’or des Indiens

L’homme blanc imposa bientôt sa loi d’airain

Et Anacaona, la reine du Xanagua

Prêtresse des Taïnos fut brûlée sur la croix… Ayti te souviens-tu ? BIS

Caraïbes, Arawaks, présumés cannibales,

On résolut bientôt de les truffer de balles

Et puis de les laisser mourir contaminés

Ainsi cent mille Indiens furent exterminés…  Ayti te souviens-tu ? BIS

ENTREE des RECITANTS :

R1 : …   Le jour où il fallut satisfaire les marchands

Des Noirs furent capturés sur tout un continent

Ils marchèrent jusqu’aux plages du Golfe de Guinée

Pour leur concentration dans l’île de Gorée…  Ayti te souviens-tu ?

 R2 : … Enchaînés dans des cales et fouettés jusqu’au sang

Vomissant leurs entrailles, l’angoisse les tenaillant

Les captifs appelaient les esprits de la brousse

Et sur le pont, la peur montait à la Grande Ourse… Ayti te souviens-tu ?

Bay kou blyé poté mak sonjé ! Bay kou blyé poté mak sonjé !  *

 R3 : …Enfin 1804 : les esclaves se libèrent

Première république noire et fièvre sanguinaire

Ils acclament Dessalines et Toussaint Louverture

Qui leur offrent la joie et l’espoir au futur… Ayti te souviens-tu ?

Pitipiti zwaso fe nich. Pitipiti zwaso fe nich. **

 R4 : … Mais l’oppression s’accroche à la glèbe des terres

De seigneurs affranchis, noirs mais propriétaires

Qui, comme des colons, vont exploiter leurs frères

Et c’est le joug de canne, un sucre trop amer…      Ayti te souviens-tu ?

REPRISE DU  CHANT :

…En coupe-coupe déchouquant, boutant tontons macoutes

Titid’ arrive enfin mais se trompe de route

Le vaudou quimboiseur s’accroche à des Chimères

Depuis qu’un sort maudit a soulevé la terre

… Abattu le pays, au bord de l’agonie. Mais Phénix Ayti, veut renaître à la vie…

Ayti no pa foutu !  BIS Yon sel doit’ pas manjé gombo tet’ ensemb’ narivé (BIS)***.

TRAD * le couteau oublie la blessure seule se souvient/ _** petit à petit l’oiseau fait son nid./  *** il faut plus d’un doigt pour manger le poulet

 

 

 

From L.A. to Bagnolet

 

J’en avais marr’ de cett’ vieill’ France

Je rêvais de voir l’Amérique

Et depuis ma plus tendre Enfance

Je jouais d’la guitare acoustique

Oui j’en pinçais pour New Orlean’ (s)

Pour les bluesmen blancs de Nashville

Quelques trav’llers, deux paires de jean’ (s)

À 20 ans  la route c’est facile…

 

…Me voilà sur la sixty-one

À longer le Mississipi

Le sac à dos et la banane

Bref du routard la panoplie

Dans les wagons de marchandise

Comme un passager clandestin

La peur a mouillé ma chemise

Et j’ai eu froid et j’ai eu faim…

 

J’suis qu’un cow boy de série B sorti d’un western cassoulet

J’suis qu’un cow boy de série B sorti d’un western cassoulet

From L.A. to Bagnolet

 

J’ai fait la manche dans les rues

Du San Francisco chic et gay

Avec’ un’ gratt’ un peu tordue

En chantant du folk engagé

J’ai fait la plonge à Santa Cruz

Chez une fill’ de la jet-set

J’ai pu enfin m’la couler douce

Et j’ai fumé tout’ sa moquette…

 

…Non je n’ai pas pu m’habituer

Aux pizzas molles et aux chiens chauds
Aux hamburgers sucrés-salés

Aux chicken fries et aux fayots

Quand j’ai eu les trois cents dollars

Pour le payer le Jumbo Jet
Dès Roissy à l’aérogare

Je m’suis j’té sur un’ andouillette

 

J’suis qu’un cow boy de série B sorti d’un western cassoulet

J’suis qu’un cow boy de série B sorti d’un western cassoulet

From L.A. to Bagnolet.

 

 

 

Au matin désolé

 

Je me faufile en ville entre ruelles et blocks

Autour de moi ça crisse, tous les sons s’entrechoquent

Des cyclistes pressés, un mouchoir sur la bouche

Des passantes aguichantes qui me frôlent et me touchent              

Dans la foule

Qui me saoule

Dans les mégalopoles si les filles sont maigres

C’est que la chair est triste et se vend à la pègre

Moi je rêve d’aventures et je veux tourner les pages

De poèmes électriques sur la route sans âge
En plein rut

À Duluth

Minnesota
Mais tout cela n’est qu’un rêve
Je n’ai pas trouvé l’emplacement de la maison d’enfance de Robert Zimmerman, alias Bob Dylan. Et je me réveille dans ma chambre de bonne du boulevard Kellerman…

Me voilà reparti, à courir le matin

Vers un job incertain

Au matin désolé

Portillons assaillis

Nez et bouches déformées

Par les vitres haïes

Et ces traces de l’autre

Dans les rames bondées

Dans la promiscuité

Du corps des passagers

Je me mets à rêver…

…Je gravis le décor du bon pas des poètes

Je prends de l’altitude comme le gypaète

Je respire les pins et je bois au torrent

Avec la tramontane, là je vais droit devant

Je m’en vais vers les Hauts, vers les schistes et les grès

En regardant les cimes des montagnes à l’adret

Je touche le granit et sa peau de salpêtre

Je hume enfin l’air pur sur l’ubac à la frette

Putain !

J’ai  encore raté ma station.

 

 

 

Rock Carambar (texte Michel Dréano et musique Didier Mattei)

 

Mon producteur me pousse à pondre une chanson

Qui bastonn’, qui cartonn’, qui fasse du pognon

Qui plaise aux ménagères de moins de 50 ans

Et aux bébés bobos qui squattent leurs parents

Je m’suis mis au boulot vu que j’avais pas l’choix

C’était ça ou l’usine à vider les anchois

Bernique l’inspiration, j’bloquais sur la page blanche

Quand un p’tit polisson m’a tiré par la manche…

 

Donne moi des carambars ( ter)

Et surtout n’oublie pas les malabars

 

Ca y est je le tenais le gimmick en béton

Le tube définitif, le jackpot, le carton

Le lendemain matin je fil’ chez l’producteur

Bien décidé à faire valoir mes droits d’auteur

Y’m’dit « T’as pas aut’ chos’ pour plaire aux maternelles ?

J’te vois venir de loin avec tes grosses ficelles… »

J’ui dit « T’as rien compris : on l’tient le saucisson

Et si tu n’en veux pas j’le r’mets dans mon cal’çon »…

 

Donne moi des carambars ( ter)

Et surtout n’oublie pas les malabars

 

J’ai fait tous les majors et les petits labels

Balancé sur le Net des quantités de mels

J’ai failli le fourguer à Coluche, à Carlos

Mais au dernier moment ils l’ont trouvé craignos

Moi j’y crois dur comm’ fer à c’refrain lamentable

Et je le chante encor’ dans les troquets minables

Peut-êt’ qu’un jour enfin j’arriv’rai à le vendre
Ce bon vieux Carambar qui sait se faire attendre…

 

Donne moi des carambars ( ter)

Et surtout n’oublie pas les malabars

 

 

 

Le train du délire (Délire-Libido blues)

 

Sur le quai de ma conscience Monsieur Délire a pris le train

Sur le quai de ma conscience Monsieur Délire a pris le train

Et dans un nuage  de fumée blanche, le convoi part vers son destin

 

Dans un compartiment fumeurs il s’est couché sur la banquette

Dans un compartiment fumeurs il s’est couché sur la banquette

 La Miss Libido est en pleurs : il lui offre une cigarette...

 

Délire a peur d’un bide au lit mais veut se faire la Libido

Beurk ! Son haleine sent l’aïoli, c’est débandant pour le dodo

 

Dans la fumée de la cibiche, Délire tire sur sa barbiche

Dans la fumée de la cibiche, Délire tire sur sa barbiche

Et puis soudain il se dit “chiche”, Lili Bido : “Ich Liebe Dich”

 

Y’a de l’entrain chez Libido à faire rougir dix Cupidons `

Y’a de l’entrain chez Libido à faire rougir dix Cupidons

Délir’ râl’ comme un cachalot et ça réveille tout le wagon...

 

Délire a peur d’un bide au lit mais va se faire la Libido

Comme un émir de Tripoli qui s’tape les Bluebelles du Lido

 

Dans la couchette du tortillard c’est une vision de cauchemar

Dans la couchette du tortillard c’est une vision de cauchemar

Ca s’embobine dans le noir, c’est pire que dans un lupanar

 

Ca crie, ça jouit, ça “rhah lov’ly”, ça s’entortill’ dans tous les sens

Ca crie, ça jouit, ça “rhah lov’ly”, ça s’entortill’ dans tous les sens

Mêm’ le contrôleur s’y est mis, s’abandonnant à la jouissance...

 

Délire a peur d’un bide au lit mais se farcit la Libido

Il boit la coupe jusqu’à la lie, loin du curé et du bedeau

 

C’était une histoire de désir, de sexe, de sang, de libido

Petite mort et grand plaisir: Kama Soutra et histoire d’O.

 

 

 

Gainsbourg De Profundis (texte Michel Dréano / musique Marc Havet)

 

Mon vieux Gainsbourg De Profundis

Since you are gone, totale éclipse

Là-haut l’Eden la cure gratis

Ici bas coups bas et supplices

Sea sex and sun et bénéfices

 

Au paradis où le temps glisse

Fais-tu la fête avec Boris

Le poète au bar du Styx

Ou bien est-ce avec Miles Davis,

Trompett’ bouchée dans la coulisse

Du black trombone où ça dévisse

 

Visant le nombril comm’ Narcisse

Dans le miroir des maléfices

L’artiste maudit cherche l’esquisse

D’un blues jewish couleur métis

Sexy symbole heureux Ulysse

D’un’ Pénélope Grisélidis

 

Ton légionnaire bel Adonis

Cherche querelle au bar du Ritz

Beau minois Raminagrobis

Muscles huilés boulons et vis

Rouge lipstick, mousse et caprices

Fum’ ton havane par Toutatis

 

Ta tête de chou la vl’à qui gliss’

Sous l’échafaud de tout’ les fic’-

Ell’ de l’art mineur des saucis-

Sons des rengain’s à trois francs six

Sous le show-biz et ses caprices

Tu t’es couché dans tous ses vices

 

Mon vieux Gainsbourg De Profundis

Since you are gone totale éclipse

Hey vieill’ canaille salut l’artis-

Ton art mineur on en r’veut bis.

Prenez garde ou vous allez trinquer

Oy oy oy oy oy oyez

 

 

 

Clic-clac (texte : Michel Dréano et Marie Dauphin/ musique Didier Mattei)

 

Pourquoi j’te tire plus

Ton portrait de face?

Trop de poses, trop de strass

Je te prenais sous toutes tes coutures

J’t’adorais en trente-six postures

Dans le cuir, le vinyle, la fourrure

Tu n’es plus bell’ sur mes photos

L’objectif a bien vu.... ce qui n’existait déjà plus

 

Zoom back, bell’ black, clic-clac 

Top model tête à claques

Je m’braque, j’dis stop, je craque

J’prends mes cliques et mes claques

 

Pourquoi te r’toucher ?

À quoi bon tricher ?

Mêm’ de dos tu me glaces

Si ton corps ne prend plus la lumière

N’essaie pas de régim’ pour me plaire

Ce n’est plus un’ question d’savoir-faire

Tu n’es plus bell’ sur mes photos

L’objectif a bien vu... ce qui n’existait déjà plus

 

Zoom back, bell’ black, clic-clac

Top model tête à claques

J’me braque, j’dis stop, je craque

J’prends mes cliques et mes claques

 

Pourquoi j’te tire plus

Ton portrait de face ?

Tout pass’, tout cass’, tout lasse

Mêm’ si t’es mannequin chez Chanel

Toute nue sous le tulle et la dentelle

Devant le Tout-Paris paparazzi

Collections d’été pour l’Asie

J’te donn’ mon Rolleiflex, mon talent n’est plus qu’un réflexe

 

Zoom back, bell’ black, clic-clac

Il suffit d’appuyer

Tu zoom’ avant, tu m’braques

Tu cliques et j’prends mon pied

 

Zoom back, bell’ black ,clic-clac

Top model tête claques               

Je m’braque, j’dis stop, je craque

J’prends mes cliques et mes plaques. Flassssh....

 

 

 

Jaja blues

 

Sunset au crépuscule

Dans ta piaule capsule

Au boulevard de l’air plane

En novas de platanes

La fauvette du jour

M’a fait vingt fois l’amour

Près des gares échangés

En regards étrangers

Des retours de folie

Dans les rues de la vie

Doux fennec des déserts

Des planètes camembert

Le feu des fées des fjords

Me brûle et raccorde

Ma folie

Rigoles qui rissolent

Ruissellent sur ma fiole

Qui décolle et qui vole

La mécanique molle

Des histoires d’eau bénite

Par la météorite

On les crevait pourtant

Les écrans de Paris

Des poches sous les yeux

Et le rimmel qui fuit

Fallait pas croire pourtant

Qu’on était des mutants

On avait tout le temps

De s’avouer nés perdants

Dans la vie

Au hasard de pleine lune

Je t’ai vue toute brune

Et c’est vrai je t’attends

Je t’attends au tournant

Jalousie des auvents

Son sourire sans trêve

Et c’est vrai et j’en crève

Café cramé frappé

Des revues de ciné

Des regards langoureux

Mon chéri à nous deux

Des femmes pas compliquées

Qu’on attend dans l’allée

Des senteurs de l’été

Amour et amitié

À ma mie

D’olvidados apaches

Manouches et gitanas

Maquillent la nymphe astrale

En aurore boréale

À minuit

I’ve got the blues maudit

Oui j’ai le jaja blues.

 

 

 

Tant qu’à vivre vieux

 

Ah ! que la chair est triste et trop cher le Viagra !

On est bien peu de chose à côté d’un tuba… 

Et tant qu’à vivre vieux

Autant commencer jeune

Puisqu’on n’est pas radieux

Quand arrive l’automne

D’ailleurs on naît fripé

On gueule dans le noir

Les bébés sont flippés

Avant d’être vieillards

Tout ce qui nous construit

Peut nous anéantir

La chance d’être instruit

Peut un matin nous nuire

Alors face au miroir

La gueule qu’on mérite

Et au fond du tiroir

Les dessous hypocrites

On plante nos décors

Notre enfance ? On la tue

À vivre sans remords

Le vice et la vertu. 

 

 

 

Le caméléon

 

RIFF ROCK :

 

Quinze ans déjà j’étais rocker, j’arrêtais pas d’jouer au flipper

Tout’ la journée j’fumais l’mégot ; autour du cou chaînes de vélo

Et puis vint le temps du grand flip alors moi j’ai changé de trip

Et je devins un vrai junkie, je m’piquais d’idéologie

 

Vingt ans déjà j’étais baba, jouisseur, fumeur, buveur d’jaja

J’lisais le Droit à la paresse tout le jour assis sur mes fesses

Et puis vint le temps du reggae, mon idole c’était Bob Marley

Je carburais à la ganja, je cherchais un guru rasta…

 

 BREAK SLAM :

 

« À vingt-cinq berges  je m’attiff’ d’épingles à nourrice dans le pif

Futal en skaï  et Dock Martens, je file à Londres gagner des pences

De retour à  Paris  ( ris pas ! ),  je squatte rue de la Moskova

Entre faux punks et vrais glandeurs, j’en ai vu de tout’ les couleurs…

 

Trente ans déjà  un nouveau look, la coupe en brosse, le petit bouc,

Je boss’ le jour chez  Rank Xerox mais la nuit je fréquente les tox

Mister  Hyde et Docteur Jekyll, le double jeu c’est pas facile

L’attaché-case et la seringue y’a de quoi en devenir dingue

 

La quarantaine sportive, yuppie, mon idol’ c’est Bernard Tapie

Je boursicote mon dernier Louis… Qu’ell’ crèv’ les idéologies !

J’ai dépassé l’stad’ du blanc bec, j’suis un cador, un super mec

Depuis qu’je suis l’évolution, j’ai r’tourné ma veste en vison … »

 

À cinquant’ piges et des brouettes, je fais du roller en survêt’,

La muscu pour plaire aux minettes, j’ai arrêté la cigarette

Bientôt la  quill’, bientôt la r’traite, je f’rai la fêt’ sur Internet

Avec mes rentes et mes actions que je gère avec précaution… »

 

On m’appelle le caméléon parce que je suis l’évolution

On m’appelle le caméléon, j’ai pas fait la révolution…

 

RETOUR DU RIFF ROCK :

 

…Et c’est pour cela que je suis marron

Z’ont dévalué mes actions

Z’ont pourri mes obligations

Y m’ont mêm’ pris le pantalon

Et je peux dir’ dorénavant :

« Autant en emporte le vent… »

 

 

 

James Dean 1962  (Le James Dean de la Porte de Ménilmontant)

 

Terrain vague des boucs, des bohémiens

Des manouches

Pique-nique et cyclo-cross, allez dégage en touche

Tir au but, plaies et bosses

Bric-à-brac, la jungle

D’un grand terrain d’aventures

Des rôdeurs, carcasses,

Des sommiers dans les ordures

 

Les fortifs, la zone, les collines

Cimetière d’autos

Territoire des gamins, panoplies de Zorro

Rintintin, Pif le chien

Femmes à barbe, catcheurs

Le grand huit est en panne

Pas peur du fantôme

Diabolo Menthe et peau de banane

 

Loulou blouson doré, le James Dean de la bande

Près des auto tampons aime Mademoiselle Age Tendre

Montreuil au beurre noir, nougat et pain d’épice

Tir à la carabine, cirque des Puces, le père, le fils…

 

La fermeture éclair de la belle mercière

Porte Ménilmontant

N’oublie pas les consignes aux Laiteries parisiennes

Le Vérigoud, le Zan

L’épicerie buvette

À la Porte des Lilas

Gévéor, piquette

Kiravi qui ravage le foie

 

Il m’arrive parfois de penser à ma zone

Là quand la nuit en toi chevauche en amazone

La lune

Ca se passe souvent voilà qui est étrange

Près de Ménilmontant quand l’asphalte mélange

La brume… Avec le blues

Qu’elle était verte ma campagne

Ma campagne à Paris

Qu’elle était verte ma campagne

Dans la rue des Prairies.

 

 

 

Djanka danse (la biguine du marin)

 

Au matin déjà chaud d’un pays tropical

J’ai posé mon barda, mes valises et mes malles

Dans la chambre d’hôtel, ventilateur en panne

Je me suis assoupi, j’ai rêvé d’une femme

C’était une mulâtresse en boubou à damier

Qui faisait son marché avec un grand panier

Comme un beau cygne noir chaloupant au soleil

Je la voyais vêtue du plus simple appareil

 

Djanka dans’ la biguine du marin bien cadencée

Djanka dans’ la biguine  du marin, bien chaloupée

 

A l’entre chien et loup quand tombe le soleil

J’ai mordu dans ses reins, j’ai savouré son miel

M’agrippant à ses tresses, butinant ses oreilles

J’étais le faux-bourdon de la reine des abeilles

Elle me sonnait les cloches du plaisir carrousel

Dans les draps blancs froissés de la chambre d’hôtel

Après l’embrasement il y eut un long silence

Et puis ce fut la rue, la foule, la fête, la danse

Ell’ m’offrait des papayes en riant aux éclats

Se moquant, la coquin’, de mes pas maladroits

 

Djanka dans’ la biguine du marin, bien cadencée

Djanka dans’ la biguine du marin, bien chaloupée

 

....
Ca gondole en cadence, ça swingue dans les baguettes

Mais faut pas que j’abuse car le rhum tourne la tête

Au gwo ka je transpire, au soukouss j’éclabousse

Calypso je respire, au gros zouc je dis pouce

Makossa quesséqu’ça ? Une rumba plus intime ?

Non me répond Djanka ce n’est qu’une biguine...

 

Djanka dans’ la biguine du marin, bien cadencée

Djanka dans’ la biguine  du marin, collé-serré

 

 

 

Arthur, l’innocent

 

Arthur se baladait, la tête en l’air

Le cul sur son épaule et puis les bras croisés

L’en avait vu de drôles mais l’était pas blasé ce gaucher contrarié

Là dans la rue piétonne aux marchandes de quat’ saisons

Il faisait de l’œil, Arthur

Il était innocent mais dans le quartier

Il rendait des services à la communauté

 

Un jour on ne l’a plus revu

On disait bien parfois qu’il était interné

Dans une maison blanche de la banlieue mouillée

Mais personne n’aurait osé vérifié, non personne n’aurait osé vérifier

Le quartier vivotait au rythme du pavé

Au café du commerce les papys papotaient

Mais personne ne parlait plus de lui, non personne ne parlait plus de lui

Et puis il est revenu quelques années plus tard

Il cirait ses chaussures, se lavait le visage

Mais il n’embrassait plus les  femmes de ménages

Il fixait tout le jour une jeune mendiante aveugle et blonde à la crinière de lionne

Elle ne le voyait pas  mais elle le comprenait
Et le premier jour du printemps elle se leva d’un bond et elle l’embrassa

Alors il se mit à rugir et redevint lui-même

Tendance « je vous aime »

 Et alors ?  Et alors ?

 Et alors…

 

 

… Arthur se baladait, la tête en l’air

Le cul sur son épaule et puis les bras croisés

L’en avait vu de drôles mais l’était pas blasé ce gaucher contrarié

Là dans la rue piétonne aux marchandes de quat’ saisons

Il faisait de l’œil, Arthur

Il était innocent

Mais dans le quartier

Il rendait des services à la communauté.

 

 

 

Tango-Lappe

 

Sur les trottoirs de la rue d’Lappe

Riton le mac pèse son pèze

Bell’ petit’ gueule, genr’ petit’ frappe

Qui fait marner ses portugai-ai-ses

Petit’ gagneus’ à la Roquette

Mimi Pinson cœur d’artichaut

Maria Dimanche fait la quê-ê-te

À la paroisse du sang chaud…

 

Va-t-en, va-t-en, fumier, salaud

Crève à p’tit feu mon beau julot

Comment veux-tu que je supporte

Ton fric, tes pompes et ton cigar’ d’Aldo …

 

La rue change depuis bell’ lurette

Ca fait un bail qu’y’a des bourgifs

Les Auvergnats sont en retraite

Et le tapin chang’ de tarif au kif

La salsa remplac’ le musette
La Boule rouge et l’ Balajo

Combien de temps f’ront t-ils recè-è-tte

Est-ce la fin des haricots ?

 

Va-t-en, va-t-en, fumier, salaud

Crève encore un coup si tu peux
Métamorphose des cloportes

Le mac’qu’reau se fait promoteur véreux…

 

Sur les trottoirs de la rue d’Lappe

Riton le mac joue l’affranchi

Il faut innover dans la r’tape

Dit-il au patron du gourbi surpris

Y faut t’investir dans la trique

Par  la web cam interposée

Suffit d’un réseau éroti-i-que

Sur sit’ « ruedlappe » au code d’accès :

Tango.

 

 

 

Kersanté valse d’hiver

 

Valse d’hiver soupe populaire

Pavé qui luit

Jambon beurre resto du cœur

La rue, la pluie

Hommes et femmes, toutes les couleurs

Des sans-logis

De passage en Ile-de-France

A Saint-Denis

 

Allez arrête tes salades

Les gens ne sont pas si malades
Cité-jardin des petites gens

Dans le bassin parisien

Macadam, j’ai pas un radis m’sieurs dames

Réverbère, je n’ai pas d’oseille mon drame

Mais je connais des braves gens

C’est  des maraîchers

Les derniers…

 

Dans un bar près du canal

Du Nord je rêve

J’pense aux jolies batelières

Du port j’en crève

J’vois Margot ses cheveux blonds

Ses yeux gris vert

Et j’oublie que je suis seul

Les  soirs  d’hiver.

 

 

 

Bleu

 

Bleu comme une  bille qui roule dans la ruelle

Bleu comme le sourire des enfants en juillet

Bleu comme la peur de la première fois

Bleu comme un bon blues du fond de la Louisiane

Bleu comme le drap de la blouse ouvrière

Bleu comme les yeux de ma mère en hiver

Bleu

 

Bleu comme un chandail jeté sur tes épaules

Bleu comme le cordon de Babette au festin

Bleu comme la fleur d’une java populaire

Bleu comme l’Italie dans le ciel de Toscane

Bleu comme les rêves des femmes du désert rouge

Bleu comme les veines des hommes des Iles d’Aran

Bleu

 

Bleu comme les faïences des jardins de Grenade

Bleu comme le cresson dans un vers de Rimbaud

Bleu comme le velours dans les enluminures

Bleu comme un cheval qui traverse une toile

Bleu comme une éponge plongée dans le bleu Klein

Bleu comme la planète quand elle en voit de toutes les couleurs

 

Et si la terre est bleue comme une orange amère

Je t’aimerai mon coeur, je n’en fais pas mystère

 

 

 

Bruit rouge (écrit au Pavillon Baltard des Halles lors du concert de Red Noise en 1970)

 

Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien

Mais aussi des myriades d’étoiles

En guise des flots de voitures répétitives des plages de l’an 2084

Où les vautours promotorisent le béton armé

Phénix des familles, béret basque et bâtard des cités dortoirs

Alors puisqu’il te faut dormir came-toi donc de sommeil dans des plumards bizarroïdes

Sous de fines pluies d’étoiles et des astéroïdes
Pour bien en dormir en paix sur des tapis persans

À goûter le sommeil dans les fumées d’encens

Ô mon amour cul-de-sac souviens-toi de ces nuits passées sur l’autoroute

Et de la pluie battante dans la marée des essuie-glaces

Par les nuits de pleine lune

Quand le Floyd se faisait fluide sous tes doigts gainés de violence

Sur des engins de viandange en grappe de révolte

Epis

Chevelures
Roussures automnales

Fenaisons

Bandaisons des jeunesses sans arrêt révolues

Révolutive alluvion du temps qui gerce les sens et le froid

Tête chercheuse de magnétiques castagnettes

Bredouille de poissons d’infini

Sous le regard hagard des fées de ma mémoire.

 

 

 

Je t’écris dans un café du port (Michel Dréano)

 

Nez à nez

Est-ce que tu dors encore ?

Bouche à bouche

Nos lèvres rêvent d’huîtres

Cœur à cœur

Je t’écris dans un café du port

Dos à dos

Et la buée sur les vitres

Face à face

La pendule et le phare

Vis à vis

Le crachin une éponge

Tête à tête

Me revient le plaisir en mémoire

Dos à dos

Est-ce que tu dors encore ?

Cœur à cœur

La pendule et le phare
Face à face

Nos lèvres rêvent d’huîtres

Bouche à bouche

Et la buée sur les vitres

Dos à dos

Cœur à cœur

Face à face

Bouche à bouche

Me revient le plaisir en mémoire.

 

 

 

L’œillet de poète mélancolique

 

Avachi au salon,

Lourd comme un éléphant,

Un poète se vautrait dans sa mélancolie

Et fixait du regard un hélicon

En rêvant de savanes et de vent

Et puis il regardait par-delà la fenêtre aphone

Vers les bois et les prés où fleurit l’œillet

À la fin de l’hiver dans l’arôme de mars et les bleues giboulées…


 

 

Trois caisses (Belleville c’est pas Barbès)

 

Belleville c’est pas Barbès

Pour le gars d’Agadès

Noir descendant de Cham

Amoureux de Paname

Belleville ça n’a pas d’âge

Pour le Muslim El Hadj

Quand il vient rue Bisson

Au café des frissons

 

Belleville c’est pas Barbès

Pour le juif des schmattès
Syndicat des casquettes

Des peintres en salopette

Belleville ça n’a pas d’âge

Vue du vingtième étage

Quand on cherche du taf

Descendre à Télégraphe

 

Belleville c’est pas Barbès

Vous m’en mettrez trois caisses

De la bière Tsing-Tao

Rue de Palikao

Belleville ça n’a pas d’âge

Pour les poivrots en nage

Qui foutent le boxon
Dans les bars à chansons

 

Belleville c’est pas Barbès

Ca vaut la peau des fesses

Le 25 mètres carré

La studette encombrée

Belleville ça n’a pas d’âge                                                                                                                                                

Chambrées petites cages

Les transports suburbains

Dodo, tapin, turbin

 

Belleville c’est pas Barbès

Rebelle au cheveu rêche

Epargné par Haussmann

Pour un supplément d’âme

Belleville ça n’a pas d’âge

-Râle et gueule, ça dégage ! -

Quand Marianne enrage

Dans les embouteillages… 

 

… (Au final)…

 

 

Belleville c’est comm’ Barbès,

Pain, jeux et tiroir-caisse

Ca y est la messe est dite

Mais dans les rues maudites

De la ville diablesse

Ta jeunesse transperce

Mon cœur à la renverse

De Couronnes à Anvers.

 

 

 

Belleville

 

Belleville la nuit, Belleville City

Ravitaillée en corbeaux de toutes races

Immigréville en capitale en plein centre de l’urbain où ça sent bon l’humain

Station Couronnes jusqu’au métro Jourdain

Où le dragon chinois

Se fait chat de casbah

Où le papier gras à valeur de symbole

Du casse-dalle à quat’ balles

 

Cran des chiens d’arrêt, au bar du Marocain

La rencontre au sommet, à Paris c’est  pas rien

Cheb de Tizi-Ouzou contre Chang du Wenzhou

Ca fait des étincelles dans le tissu urbain

C’est du jus 2000 volts et c’est aussi du sang

Ruisselant sur les pavés meurtris par les fers des marlous

Effleurant les clodos de leurs parfums virils

 

Des carcasses de bagnoles

Et le Kid qui s’envole

En couchant la Carole

Sur les banquettes arrière

Quatorze berges dans les reins

Et c’est déjà demain

Qu’il faut trouver du taf’

L’est maintenant bien loin

Le bled, loin le village

Où se vendait très cher le billet espérance

Pour un sacré paradis qu’on appelle la France

Assommoir du zonard recyclé en prolo

Magouillant pour draguer la fille d’un beau salaud

Délire des graffitis, la rue Palikao et la rue Ramponneau

C’est le marginal qui se libère ou alors t’es barjo

Terrain vague du policier, version parisienne

Des jungles du macadam, on y fête la centième

Dans les troquets de Piaf où roucoule son blues

C’est la java rouge de l’accordéon fou

 

Si on le rénovait ce quartier pittoresque

Mille euros le studio y’aurait des amateurs

Y’a déjà des bourgeois, encanaillés, farceurs

Y’a déjà des vedettes du cinéma d’auteur

Pour Paris insolite on chercherait des acteurs

Quel imposant sujet que Paname en détresse

Produit par Bollywood et Spielberg B de Mille

Combinaison vinyle, rock n’ roll du kabyle

Relax Max, Cool Raoul, Tranquille Bill

Le pape le visiterait, il y prendrait une claque

Spectacle de la misère e t misère du spectacle.

 

 

 

Faune  autochtone

 

Les autochtones de la nuit payés par les feuilles à scandale

La star déchue, lunettes noires, qui  leur lit Verlaine ou Rimbaud

Le hasard pur ou objectif pour une rencontre capitale

La Tour Saint-Jacques ou le Pont Neuf pour une interview de Garbo

La traduction simultanée en poésie de l’insolite

La Seine qui fait sa toilette pour le congrès des crevettes roses

Le bel été du bicentenaire et son message cosmopolite

Le carnaval des mosaïques et la fraîcheur de ceux qui osent...

 

La faune du dernier métro, voiture-balai des noctambules

Les doigts de fée d’une harpiste au Jeu de Paume des Tuileries

Le clapotis du bateau-mouche quand les enfants soufflent des bulles

Le jazzeman de vingt-cinq berges qui répète son blues de Paris

Le charbon noir des idées-flèches sur la page blanche du synopsis

Le scénario a pour héros un Chtimi nommé Belkacem

L’envie de faire comme Wim Wenders un film sur une petite Alice

Mais une chanson c’est plus facile, faut qu’j’la dépose à la Sacem...

 

Et si ma chanson « groove »

Du pavé gris jusqu’aux toits roses

C’est que sous mes mots couve

La flamme d’un Paris grandiose.

Et vive la métamorphose !

Et vive la métamorphose !

 

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