« L’Île Saint-Louis qui en a marre d’être à côté de la cité un jour a largué ses amarres », a écrit René Baër pour Léo Ferré. Après cette magnifique chanson des années 50 comment parler de façon originale de l’ancienne Ile aux vaches ? Dans ma chanson Air doux d’août, je mentionne certes les glaces de la maison Berthillon  devant laquelle les touristes font la queue. Mais c’est une carte postale. Depuis que Paulette, ma marchande de quatre saisons préférée, a revendu très cher son minuscule appartement de l’Île Saint-Louis à un riche Américain pour partir en maison de retraite, je ne connais plus personne. Qu’il est loin ce Paris populi qui existait encore au début des années 80 quand je suis arrivé dans le IVe ! Aujourd’hui les débits de boissons, les merceries, les vitriers du week-end et les limonaires ambulants ont fait place au « real estate » de l’immobilier, aux banques et aux boutiques de fringues de marque! Sur les quais de l’île, je croise parfois l’octogénaire Georges Moustaki aux bras d’une jeune femme, mais il a définitivement rangé sa moto au garage.

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