Textes : Michel DRÉANO
PARIS COULEUR |
Peut-être n’est-on jamais que d’un seul pays Celui de son enfance Ce pays c’est un essaim de souvenirs personnels En poudre, en grains L’odeur âcre du pneu brûlé L’arôme du café dans la rosée du matin La réclame à la radio pour la brillantine Forvil …
Nous autres les gamins des courants d’air Les enfants du baby boom On peut dire qu’on en a eu du bol Je dirais même plus un vrai bol d’air pur Car notre chance Notre prime d’enfance Ca a été de vivre dans une campagne à deux pas de Paris A une époque où il n’y avait pas encore de frontière physique Entre Paris et sa banlieue Mon pays c’est un entre-deux géographique Qu’on appelait la zone C’était un espace libre, aujourd’hui avalé par le périph…
... Me vl’à ! Je m’présente : je ne suis pas Rimbaud Je n’suis pas un’ racaille, je n’suis pas un barbeau Je suis un vétéran qui règne dans son domaine Mon jardin des Tuileries c’est le Parking Verlaine
Je me fais
journaliste et je te la raconte Dans mon vieux quartier nord mon style il a la cote Made in 93, c’est pas de la camelote.........................
Je suis vraiment accro aux puls’ de la Grosse Pomme Au son New York City des M.C. qui dégomment Mais je travaille aussi ce bop french que tu aimes Qui passe sur les réseaux des chaînes et des FM... et ça donne queq’chose comme ça : « Dans les cités où ca hip-hoppe, hop, hop Ca pulse, ça groove et ça syncope, bop, bop Dans les fiestas des boums des potes, top, top Qui mène la danse ? Captain K Pote, Pol Pot C’est assez glauque l’amour kleenex, Who’s next ? Mais les virus n’aiment pas l’latex, tex-mex On s’éclate sur du funk, du zouc, très plouc Ou bien du raï Cheb Nicomouk, au souk… » Poum pah ah poum poum pah (bis) . .....Je bosse au tri postal pour m’payer le sampler De façon que mon son prenne toute son ampleur Je programme des rythmiques sur un vieil Atari Et je rêve de gloire, de conquérir Paris. Je dénonce les discours, les clichés des médias Sur la vie de banlieue qui court à hue, à dia Je blâme les reporters qui sèment la panique Décrivant les cités comme des ghettos ethniques Mais quand ces fils de bourges jouent à se faire peur Je leur fais visiter mon palace, ma demeure... (parlé) : et je leur chante : ... Dans les cités où ça hip hop comm’ dirait Boris ça poulope Y’a d’la break danse dans les sous sols, des Picasso d’l’aérosol Des black blancs beurs qui sont heureux et des bébés areuh areuh Poum pah ah poum poum pah...
Je rêve d’un vrai métier, pas d’un stage inutile Et que mon grand ensemble mette le cap sur les îles. Dans ma cité larguée où le front grimpe au score Quand j’vois les poulardins rappliquer dans l’décor Je me dis que les jeunes ont d’la misère en France Que si c’est pas le Bronx, c’est pas non plus Byzance.....
Je me fais
journaliste et je te la raconte Dans mon vieux quartier nord mon style il a la cote Made in 93, c’est pas de la camelote...... Super dédicace à Victor Hugo, yo !
Je m’appelle Michaël Dream. Un soir de cuite j’ai enlevé le o de mon nom. C’est Hatao, un ami japonais, qui me l’avait soufflé ce pseudo anglo-saxon. Au cas où j’aurais persévéré dans mon projet de faire l’artiste. À cette époque, il nous arrivait, Hatao et moi, de marcher le soir jusqu’aux lisières de la banlieue nord. Nous poussions même jusqu’à Saint-Denis, au-delà de l’ancienne zone des gazomètres. Pour nous c’était la frontière. Dans l’eau noire du canal se reflétait la voix lactée des lampadaires. Au-delà c’était déjà un autre espace-temps. Alors on s’en revenait vers Paname par Aubervilliers.
Bien des années plus tard, je refais seul ce périple et en voiture cette fois. Les friches industrielles ont laissé place aux firmes de l’économie mondialisée. Tout baigne. Dans un univers publicitaire composé de panneaux 4x4 et d’enseignes lumineuses. Je pense à Hatao et je me dis qu’au moins chez lui, au Japon, je serais fasciné par les signes indéchiffrables des néons de là-bas… Défilé de dépôts, de hangars, de centres commerciaux, d’immeubles aux parois de verre. Tags plein les tunnels, murs recouverts de graffiti rappelant le style des illustres prédécesseurs. Bad Boys Crew et autres Fabulous Bomb Inability. Rien de nouveau sous le soleil aérosol. A One est mort mais son autoroute est enfin recouverte de gazon. Là, les chibanis peuvent enfin se poser sur des bancs pour admirer de jeunes Noirs en survêt, se la jouer N.B.A. dans l’espace grillagé dévolu au basket de rue.
De l’extérieur, la nouvelle cathédrale locale tient à la fois de la soucoupe volante et du chaudron gaulois. Quant à la gothique basilique, elle n’a toujours pas retrouvé sa flèche. Frappée naguère par la foudre de Thor ou de Jupiter. Sous le pont de Soissons, le RER attaque un solo de poutrelles métalliques. Et le bruit qu’il génère à ce putain de son, ce vieux groove hypnotique de l’infrabasse des ghettoblasters. Time flies man ! Je ne m’appelle plus Michaël Dream. Mon ami Hatao est rentré à Tokyo. Je ne bois plus. J’ai remis le O à la fin de mon nom. Je réponds désormais au nom de Dréano. Et dans le slam, « Dréanosan » c’est mon pseudo.
Pourquoi j’te tir’ plus ton portrait de face ? Car ton minois il me lasse Je te prenais sous tout’ tes coutures J’t’adorais en trente-six postures Dans le cuir, le vinyl, la fourrure Tu n’es plus beau sur mes photos L’objectif a bien vu ce qui déjà n’existait plus
Zoom back, bell’ black, clic-clac Top model tête à claques Je m’braqu’, j’dis stop, je craque J’prends mes cliques et mes claques
Pourquoi te r’toucher ? À quoi bon tricher ? Mêm’ de dos tu me glaces Si ton corps ne prend plus la lumière N’essaie pas de régim’ pour me plaire Ce n’est plus un’ question d’savoir-faire Tu n’es plus bell’ sur mes photos L’objectif a bien vu ce qui déjà n’existait plus
Zoom back, bell’ black , clic-clac Top model tête à claques Je m’braqu’, j’dis stop, je craque J’prends mes cliques et mes claques
Pourquoi j’te tir’ plus ton portrait de face ? Tout pass’, tout cass’, tout lasse Mêm’ si t’es mannequin chez Chanel Toute nue sous le cuir et la dentelle Devant le Tout-Paris paparazzi Collections d’été pour l’Asie J’te donn’ mon Rollei-Fleix mon talent n’est plus qu’un réflexe
Zoom back, bell’ black, clic-clac Il suffit d’appuyer Tu zoom avant, tu m’braques Tu clic et j’prends mon pied
Zoom back, bell’ black, clic-clac Top model tête à claques Je m’braqu’, j’dis stop, je craque J’prends mes cliques et mes plaques.
Qui ? Frott’ son silex aux mill’ menhirs de Manhattan Quand les poètes de la Grosse Pomme font leur ramdam ?
Qui ? Vient recueillir le chant profond des Algonquins Dans la fumée du calumet amérindien ?
Qui ? Aux équinoxes et aux éclipses, flocons de neige, Va fair’ tanguer sur son clavier, tout un manège ?
C’est Thelonious, c’est Thelonious Le moine fou Au chapeau mou Qui rôde autour de minuit
Qui ? Va chaloupant dans les lumières de Tribeca En psalmodiant sa mélodie a cappella ?
Qui ? Inspiré par les plaintes rauques des Iroquois, Chante aux clairières du quaternaire des séquoias ?
Qui ? Creuse son sillon de plaisir dans le saphir Du rayon vert des cordes d’acier du désir ?
C’est Thelonious, c’est Thelonious Le moine fou Au chapeau mou Qui rôde autour de minuit
Qui ? Creuse son sillon de plaisir dans le saphir Du rayon vert des cordes d’acier du désir ?
C’est Thelonious, c’est Thelonious…
Je suis une glace sans tain. Dans une rue tranquille de Pantin. Certains s’arrêtent et se mirent en moi : des gros, des gras, des ventres mous et des femmes à boa ; des jaunes, des noirs, des balafrés, des malabars, des tatoués. Quant aux autres ce sont des ombres furtives, des silhouettes entrevues, qui filent vers le métro Hoche, tout proche. Ceux qui s’arrêtent me sont transparents. Le plus souvent je lis en eux très facilement. Parfois, face à un visage entièrement refait, j’ai du mal à faire mon job de psyché. Mais je finis par assurer, en vraie professionnelle. Le plus souvent j’ai affaire à des femmes qui se remaquillent avant leur rendez-vous galant. Celles-là, j’ai fini par en faire des complices. Et elles me rendent visite à heures fixes. Ce qui me rassure et m’aide à supporter ma solitude. La nuit mon propriétaire me couvre d’un volet. Ce qui me force à regarder à l’intérieur de son appartement où avouons-le il ne se passe pas grand chose. Vu que je suis obligé de fixer un corps quasi immobile, lequel scrute un autre miroir, télévisuel celui-là ; dont j’aperçois le mouvement des ombres sur le mur d’en face, tel Platon sur les parois de sa caverne. Ah ! j’oubliais de vous dire : avec le temps, ma surface se plie vers le convexe. Et, du coup, cette myopie m’aide à mieux vieillir. Alors je tolère enfin les murs aveugles, les hôtels borgnes et même les anciennes fabriques du quartier, transformées en galeries d’art contemporain. J’ai même fini par me faire aux pavillons Loucheur, restructurés et habités par une nouvelle bourgeoisie de jeunes ambitieux, aux coûteuses lunettes de marque. Bref, je finis par me dire que, puisque dans l’immobilier tu n’as jamais rien à l’œil, il faut décidément de tout pour faire un monde de voyeurs…
Majeur et vacciné au 9.3. Saint-Denis Gaulois,rebeu,renoi, c’est ton bled c’est ton nid Des tchatcheurs du quartier tu te crois le meilleur Tu refuses l’étiquette des banlieues de la peur
Dans le creux de tes poings y’a une envie de crime Mais tu programmes ton casse au magasin des rimes Tu balances en cadence les nouvelles,les échos
Les
brûlots des rebelles sous les panneaux Decaux Tu persistes et tu signes, ton fanzine, ton journal Oui ton style a la rage des griots de cité Depuis que se propagent les incivilités...
Pourquoi ne peut-on pas ? (bis) Pourquoi ne peut-on pas vivre là ? Poum pah Pourquoi ne peut-on pas ? (bis) Pourquoi ne peut-on pas vivre là ?
Tu dénonces le système qui a détruit ton père
Chômeur de
cinquante ans qui se tait qui se terre
Tu rêves de châssis grand sport et de merveilles De filles que tu câlines sur la plage au soleil Tu cours en solitaire, tu cultives ton corps Mais tu n’as que ton flow pour crever le décor
Dans ta cité
blindée, anonyme et sans âge De sa basse te décoll’la plèvre et les neurones
Pourquoi ne peut-on pas ? (bis) Pourquoi ne peut-on pas vivre là ? Poum pah Pourquoi ne peut-on pas ? (bis) Pourquoi ne peut-on pas vivre là ?
Tu craches sur la racaille qui se fait une tir’-lire A grands coups de bastons et de vols à la tire Tu blâmes ces chacals qui trempent dans le deal Qui veulent jouer les caïds,les sultans de la ville...
Mais quand la jeunesse bouge dans les quartiers chagrins Et que la colère couve excitant les villains Tu te solidarises avec ces nouveaux gueux Qui pillent la marchandise qu’on étale sous leurs yeux Tu mets dans le même sac la classe politique Tu te demandes pourquoi voter pour des cyniques Ils ne font que ruser et s’comportent comm’ des lâches Alors tu réagis et tu balances ta tchatche... AU REFRAIN (BIS)
Tout juste 19 ans, il marche dans la ville, Ell’ lui est étrangère, avant c’était tranquille,
Il y’ avait des
chevaux tout près de la cascade
Depuis les
lotiss’ments ont envahi l’espace Il ne reste plus rien de la ferme du grand-père Où il jouait l’été avec ses potes d’hier
Il voulait s’envoler vers les îles sous le vent S’arracher du quartier, au décor désolant,
Tout juste 19 ans, il marche dans la ville Il regarde les vitrines pleines de choses inutiles Total’ment dégoûté par ce monde rapace Il voudrait s’envoler de la tour en plexiglas
Planer comm’
l’albatross sur les quartiers sans joie Il écrit des poèmes qui font gonfler ses voiles Il balance sur la toile, une bouteille aux étoiles...
Il a trouvé son île, il s’envole à sa guise Avec ses mots-valises, plus besoin d’Iles Marquises...
Je marche sur le ballast et je ronge mon frein La micheline passe, je l’évite d’un coup d’rein Croyez pas que j’déraill’ là sur la voie ferrée J’ai le blues ferroviaire : j’aime le verbe errer Je regarde les mômes faisant leurs premières gammes Avec une bombe au chrome vandalisant les rames Au mépris du danger pour devenir des hommes Ils se croient à New York dans l’métro d’la Grosse Pomme…
Chop’ le slam de la gare dans un lieu pas ringard Qui pulse et puis qui groove au quai départ du mouv’ment
Je découvre une gare, désaffectée, magique Où les calligraphies se font cabalistiques Du lettrage le plus pur à la ligne la plus claire À la gloire d’une peinture s’exposant en plein air Je m’initie au style des graffiti-artistes Qui mettent des couleurs sur la ville aux murs tristes Déposant leurs brûlures aux friches des terrains vagues Et sur les palissades envahies par les tags…
Chop’ le slam de la gare dans un lieu pas ringard Qui pulse et puis qui groove au quai départ du mouv’ment
Je traque l’inspiration en dansant sur les rails D’un poème en action dédié à la canaille Qui parl’rait des apaches et du cheval de fer Rim’rait avec panache et sentier de la guerre Je regarde les avions, je suis leur trajectoire Qui frôle l’autoroute près de l’aérogare Le Trans-Europ Express qui bondit dans la nuit La micheline bondée qui file vers Paris…
Chop’ le slam la gare dans un lieu pas ringard Qui pulse et puis qui groove au quai départ du mouv’ment
Tu me fais voyager en parlant d’un tramway Où les blacks et les beurs tchatchent du Charles Trenet Devant le grand mural de A One et JonOne Qui des 4 000 Nord sont le seul patrimoine Tu me parles de ta cage de béton et de verre Qui donne sur le musée des cultures légumières Et toi le Toucouleur, le griot, le M.C. Tu chantes la mutation d’une banlieue galaxie…
J’étais un jeune homme de la nuit J’aimais son alcool et sa faune Et j’obtenais des plus jolies La promesse qu’elles me téléphonent Mais aujourd’hui c’est la faillite
Tout me trahit
mon pas hésite À l’inquiétante étrangeté…
Paysage humain Prête-moi tes yeux Pour que j’y voie mieux
J’étais le Gaspard de Verlaine Attiré par la grande ville Comme aux lampadaires la phalène J’ai papillonné, inutile De vous dire que j’ai trop rêvé Pendant mes jeunes années et
Puis je n’ai
pensé qu’à l’argent
Paysage humain Prête-moi tes yeux Pour que j’y voie mieux
Tout près du cœur j’ai une pile Qui bouge quand je repense à toi Toi le fils que j’ai peu connu Et que je n’ai jamais revu Et toi Païs du fond des âges Je t’oublie peu à peu… Eh oui ! Les rides de ton paysage C’est moi qui les porte aujourd’hui…
Paysage humain Prête-moi tes yeux Pour que j’y voie mieux
Le temps m’a battu comme plâtre La solitude ne me vaut rien Mais il en faut plus pour m’abattre Ce qui ne vous tue pas soutient Le désir de tourner la page D’accueillir un nouvel amour Se dire « la vie n’a pas d’âge » Et faire encor’ trois petits tours…
Paysage humain Prête-moi tes yeux Pour que j’y voie mieux
Paysage humain Dans le souterrain Donne-moi la main.
Loulou...
Il s'est formé à l'école de la rue Il sait bien que pour lui le bachot c'est foutu Mais il travaill' ses textes et il se décarcasse Il est rap plus cinq et là il nous surclasse...
Il voit les
môm's qui portent des survêt' Loulou sait qu'les p'tits frères le sport ils aiment bien çà Ils s'envol't dans les airs un ballon sous le bras...
Loulou sait qu'on rase pas gratis De Ris-Orangis à Memphis Loulou il est agent d’ambiance d’un quartier en souffrance...
Loulou...
Il a les boules car ça sent le sapin Quand les flics à Noël déboul't chez les voisins Le coup passa si près que le dealer tomba Toujours le mêm' folklore, toujours les mêmes combats...
Il cherche encor' sa place dans le trafic Ce qu'il fout sur la terre et il rêve d'Afrique Quand la chaleur s'installe au début de l'été Il fait danser tout l'monde au coeur de la cité...
Loulou sait qu'on rase pas gratis De Ris-Orangis à Memphis Loulou il est agent d’ambiance... ...d’un quartier en souffrance...
Loulou sait qu'on rase pas gratis De Ris-Orangis à Memphis Loulou il est agent d’ambiance... ...d’un quartier en souffrance...
Depuis trop longtemps.
Paraît que leurs immeubles sont des bateaux fantômes dans la brume d'hiver...
Paraît que leurs immeubles ont le tatouage coriace Du tag à l'âme de la plus haute tour De guerre lasse Ils noircissent les murailles Du long poème de leurs rengaines voyou Ca les excite beaucoup Bien qu'au fond ils soient très doux Oui parfois ils jettent la pierre Dans les contre-allées tracées Au cordeau et à l'équerre des beaux jardins français Mais ne vous inquiétez pas Tant qu'ils rempliront leurs cabas Ils resteront là À tenir les murs Tenir les murs.
Paraît que leurs immeubles sont des bateaux fantômes dans la brume d'hiver...
Paraît que leurs immeubles veulent larguer leurs amarres Qui les empêchent d'appareiller Ils en ont marre D'être entravés, attachés, Avant de terminer tout de blanc bâchés Dans un costume de milord À l'heure de leur mise à mort Oui parfois ils jettent l'éponge Dans les vapeurs des alcools Des poudres et des colles à en perdre la boussole Mais ne vous faites pas de soucis Tant qu'ils rempliront leurs caddies Ils resteront là À tenir les murs Tenir les murs
Paraît que dans le bâtiment Quand tout va, tout va vraiment Mais rien ne dure indéfiniment Au prochain soulèvement Ils seront tous là À faire tomber les murs
Tomber les murs.
Plan large de la barre que l’on va dégommer Un monstre de béton que l’on va déraciner La foule est immobile, caméscopes en faction Le ministre est venu fêter la destruction
Un jeune homme en colère en a gros sur le cœur Alors face aux micros, devant les magnétos Il parle des familles qui ont déménagé Pour un nouvel exil les mettant en danger
Une barre plombée, une mort programmée On entend le bruit sourd, elle vient de tomber
L’implosion n’a duré que deux petites secondes Si certains applaudissent d’autres pleurent ou s’effondrent
Beaucoup portent le deuil des quartiers dévastés De ces vaisseaux de pierre, de leur ombre portée Sur la jeunesse enfuie, les amis dispersés Les rires dans les couloirs et dans les escaliers. Un caméraman suit le jeune homme en colère Très gros plan sur ses larmes devant le tas de pierres
Voilà c’est
terminé, circulez, circulez Pour revoir les immeubles s’effondrer en poussière Quand des familles sans toit grelottent en plein hiver.
Ma première chanson sous la douche C’est en y rêvant Tout petit enfant Justement Ben y’en avait pas Dedans nos gourbis Nous on allait tous aux bains douches Municipaux Tous les sam’dis
Cet air là oui j’avoue qu’il me touche Comme une mad’leine Quartier d’La Chapelle Chez Marcel Mon père et ma mère Tout comm’ leurs copains N’avaient pas encor’ la télé On écoutait La T.S.F.
Une valse d’avant Le temps des écrans Qui ne pass’ plus à la radio Vu qu’elle est trop rétro Mais je m’en fous
Un jour en revenant de la douche Je l’ai entendue Au coin d’une rue Disparue Depuis bell’ lurette Mais cett’ mélodie Que je me chantais sous la douche Reste gravée Dans ma mémoire
Et ce soir la chanson qui me touche Chantée sous la douche C’est Julie la rousse Pas farouche Ell’ préfèr’ l’impair En vers féminins Sur les touch’ d’un accordéon Qui fait chanter Rire ou pleurer
Une valse d’avant Le temps des écrans Qui ne pass’ plus à la radio Vu qu’elle est trop rétro Mais je m’en fous
Une valse d’avant Le temps des écrans Qui ne pass’ plus à la radio Vu qu’elle est trop rétro Mais je m’en fous.
Tu es né dans la boue, la tête dans les étoiles Dans une cabane en planche chauffée par un vieux poêle À la Plaine-Saint-Denis, un printemps plutôt froid, Bidonville Cornillon 1963. Tes parents andalalous avaient fui la misère La faim et le franquisme pour une terre nourricière On te nomma Félix dans la liesse familiale D’avoir, en terre de France, un nouveau petit mâle… Gracias a la vida
Réchauffant tes entrailles, fixant la voie lactée, Ta mère t’a bercé sous la tôle ondulée Tes premiers souvenirs, autour du brasero, C’est l’arôme du café et le cante jondo À six ans, la laïque, l’obligatoire école Te tapa sur les doigts, te ficha des torgnoles “Qu’il est beau ce petit, je le verrais bien facteur !” Disait la directrice, croyant faire ton bonheur, Te trouvant l’air rêveur et sauvage des poneys Caressant longuement tes cheveux noir de jais C’est vrai que t’en rêvais des étés andalous Chez les cousins germains du côté de Cordoue... Gracias a la vida
Réveillé par les poules, les coqs et les chevaux Affalé dans la grange, dans l’odeur du foin chaud, Tu rechargeais tes piles solaires et tes batteries Avant de retrouver le ciel gris de Paris Ton foyer d’immigrés et ton barrio chino Ton quartier espagnol, ta banlieue au sang chaud, Où les gens s’aimaient bien (ils étaient solidaires) Ils jouaient à la pétanque, ils se sentaient tous frères C’était un peu l’Espagne, moins le soleil, moins l’espace, Chorizos, patatas, caracoles, tapas... Gracias a la vida,
Tu crèches en banlieue nord à deux pas de Paris Tu roules en 404 couleur jaune canari Tu reprends l’autoroute vers le périphérique En longeant les usines, les bâtisses couleur brique, Aujourd’hui, comme avant, tu fais ta corrida Et tu bénis la vie, gracias a la vida, Gracias a la vida !
Vieil encrier d’encre violette
Dans mon bistrot un peu baroque Comme chaque matin je cale Entre mon bloc-notes et mon bock La page blanche me fait du mal Puis je déambule sans fin Tout en regardant les nuages Je sifflote un vieux refrain Sur le grand chemin de halage…
Ô mon canal du bout d’la rue Sous le ciel pâle mon coin perdu J’peux tout te dir’, t’en as tant vu…
Au fond de ton lit asséché Machines à coudre et mobylettes Je m’enhardis à dénicher Tout un tas d’objets obsolètes Un jour sous la 2 CV noyée Qui fut la voiture de maman J’ai retrouvé son encrier Offert par l’un de ses amants…
Ô mon canal du bout d’la rue Sous le ciel pâle mon coin perdu J’peux tout te dir’, t’en as tant vu…
Vieil encrier d’encre violette Depuis devenu talisman Tu me racontes des bluettes Quand j’ai le blues en fond d’écran Et toi mon copain le canal Lorsque je marche à reculons Tu me remontes le moral De Noël au jour le plus long
Ô mon canal du bout d’la rue Sous le ciel pâle mon coin perdu J’peux tout te dir’, t’en as tant vu…
Wong Lee ma voisine est coquette Chapeaux de paille et de papier Elle est née à Savannakhet Loin du canal d’Aubervilliers Nul ne connaît sa vie, son âge Je l’observe à la dérobée Quand elle arrose, à notre étage, Les fleurs de son jardin secret
Wong Lee a pour
amie intime
Ensemble elles
déchiffrent les signes
Elle me fait de
l’effet Wong Lee Elle ensoleille mes lundis Entre Epinay et Saint-Denis
À la laverie automatique Où tout le monde attend Godot Dans un silence métaphysique
Elle sort de son
vieux landau
Un thermos de
thé au jasmin Elle offre aux jeunes et aux vieux
Comme un goût de
Savannakhet
Elle me fait de
l’effet Wong Lee Lundi prochain je m’inscris À son cours de calligraphie.
Salut à toi le pilier de comptoir Toi l’envoyé spécial au bout du bar Tu fais la pige à tes meilleurs confrères Toi l’obscur localier Reporter...
Toi le nez rouge au petit bleu chambré Tu fais des brèves de comptoir insurgé Autant de perles que j’aim’rais imprimer Aux colonn’ des canards Déchaînés
Salut à toi le naufragé aux yeux perdus dans la fumée Le plumitif qui perd ses vers à la rubrique des faits divers
Salut à toi poète déchiré Plongeur de rimes aux rades chavirés Ce soir à sec et qui s’accuse en vain D’avoir noyé sa plume dans l’rouquin
Toi le passager de la dernière cuite Toi l’homme échoué fêlé jusqu’au cockpit Dans les vapeurs des alcools décapants A réveiller les corps Des gisants...
Salut à toi le naufragé aux yeux perdus dans la fumée Avant qu’on te mette en bière (allez!) un poème dit un verre offert...
La petite dame d’Argenteuil, octogénaire bon pied bon œil, écoute pousser la ville autour de son pavillon en meulière. Elle se prénomme Esther et sa langue maternelle est le yiddish. Le mercredi, elle fait du thé pour accueillir le jeune Habib. Un petit garnement de 15 ans, assez fier d’être arabisant, qui veut apprendre à déchiffrer l’alphabet hébraïque car il aime la calligraphie comme les graffeurs de sa téci. Habib s’ennuie chez ses parents. Il n’a ni livres ni écrans alors il se rend chez Esther, la petite dame d’Argenteuil, au doux parfum de chèvrefeuille. Si les copains de son quartier parfois le traitent de bouffon, Habib s’en fout. C’est des moutons qui ne maîtrisent que le verlan et parlent de se rendre au Pakistan pour le djihad évidemment. Lui est plus intelligent. Même s’il vénère le Coran, Habib lit Le Monde Diplomatique en sirotant son Liptonic. Esther préfèrerait autant qu’il répare enfin son auvent mais il la presse de questions puis s’endort d’un sommeil profond…
La petite dame d’Argenteuil le réveille avec des kneidler, des quenelles à la polonaise, que le garçon s’est juré d’apprendre à faire pour un jour épater sa mère. Esther revient avec un lourd recueil de nouvelles juives d’un auteur qui porte un nom de machine à coudre. Habib apprécie quand elle en lit une spécialement pour lui… La petite dame d’Argenteuil grignote comme un écureuil les noix et aussi les noisettes de Marcel, le cantonnier en retraite. Lequel les lui rapporte en automne du jardin qu’il entretient avec amour tel un jeune homme. Esther et Marcel adorent tailler une bavette en picolant… le Picolo d’Argenteuil. Mais quand Habib, un peu jaloux, trouve que cela a assez duré de parler du temps passé, il les interrompt et se lance dans la déclamation de ses propres poèmes. Façon slam ou bien NTM. Tout en épluchant les reinettes pour le strudel aux raisins secs, austro-hongrois, slovaque ou tchèque…
La petite dame d’Argenteuil (qui chante oï oï pitchi poï), n’aime pas trop que son protégé, encore pour la énième fois, lui demande de raconter comment un matin de juillet, en 42, elle s’est taillée du traquenard du Vél d’Hiv’ sous les yeux d’un gendarme ivre. Elle veut lui parler de Michel, le fils qu’elle a élevée seule et qui fait sa vie en Amérique dans le pétrole et les derricks. Le garnement insiste cependant pour qu’elle reparle de Paris pendant l’occupation nazie. Tiens ! Justement, sur le bureau, trônent quelques ouvrages de Modiano… Rue des boutiques obscures, Les boulevards de ceinture, La Place de l’Etoile… Autant de titres qui l’attirent, lui Habib, vers la littérature. La prochaine fois (se dit Esther) je lui dirai les ateliers et le Sentier, l’apprentissage du métier, des schmattès à la haute couture et les cousins qui survécurent…
La petite dame d’Argenteuil est seule à présent sur le seuil. Elle regarde le jeune Habib s’éloigner vers sa cité. Un vide l’envahit soudain dans ce décor contemporain de tours, de barres et de grues, vers Courbevoie bouchant la vue. Elle a le pressentiment que rien ne sera désormais plus comme avant ; ça lui fait vraiment mal au cœur que tous les pavillons Loucheur soient pollués par les canettes et les plastiques des supérettes qui envahissent les jardins où pousse encore le romarin. Un vent frisquet la désarçonne. Et voilà soudain qu’elle frissonne. Elle replace son châle sur ses épaules qu’elle a frêles. Elle referme sa porte à double tour -il y a des rôdeurs aux alentours- après avoir laissé rentrer deux ou trois matous du carrefour, qu’elle gavera de mou de veau tout en écoutant la radio. En maudissant seule dans sa chambre le froid sinistre de novembre. La petite dame d’Argenteuil ce soir ne dort que d’un œil. Vers minuit une sourde angoisse la cueille. Mais elle se console en pensant à son petit invité du mercredi. Et elle se rappelle qu’en arabe, Habibi ça signifie « mon chéri »…
C’est l’histoire de Momo qu’en est jamais rev’nu D’avoir osé s’éloigner de sa rue Il n’habitait pas loin du port de Gennevilliers Il bossait en usine détestait ses tauliers Le jour d’ses vingt-cinq ans, il a démissionné Sa famille, ses copains en sont restés bouch’ bée L’a vidé tout son compte et mêm’ son Codevi Décidé qu’il était vraiment à changer d’vie Là-bas sous les tropiques, il pensait qu’ça s’rait mieux En tout cas plus glamour que la vie de banlieue
Près du canal du nord il rêvait de Java Et le café du port c’était Surabaya
Momo s’est envolé pour le Guatemala Et il a pris le car de Guadalajara Là, pour gagner sa croûte il lavait les cass’roles Des restaurants tex-mex, frijoles, guacamoles Puis il s’est décidé à monter aux villages Des plateaux mystérieux des chamans et des mages Où des sorciers toltèques fumèrent sa moustache Quand il est revenu sur le plancher des vaches Il se mit aussitôt à l’absinthe, au mescal Avec des matelots en goguette d’escale
Vera-Cruz, Tampico, vl’à Momo dans l’décor Des plaisirs tropicaux, merengue mi amor
Momo est revenu revoir son Gennevilliers Retrouver son quartier, ses copains d’atelier C’était pas Cristobal le tonton d’Amérique L’avait pas fait fortune avec l’or du Mexique En famille le dimanche il raconte ses histoires La mère sert le café avec l’alcool de poire Le père soudain se lève, il éteint la télé Et il dit « viens mon fils, viens on va s’balader » Ils marchent côte à côté en espérant qu’il pleuve Et ils pressent le pas en direction du fleuve…
Sur l’écluse de la Briche, le vent soudain se lève Et passent les péniches qui s’en vont vers les rêves Et s’en vont vers les rêves Et s’en vont vers les rêves…
Tu as grandi Willy près d’un bal de quartier Dans un’ famille nombreuse d’ouvriers Depuis la communale ton chemin tout tracé Y a pas de sot métier Ton père , un brave type, c’était pas un pt’it chef Tu l’voyais pas bézef Car il travaillait dur pour payer les crédits Et tes cours d’harmonie
Tu jouais d’la vals’ musette pour plaire à ton daron Qui t’a poussé très tôt à jouer d’l accordéon
T’étais le Lucky Luke de la valse musette Tu descendais les gamm’ aussi vite qu’Yvette Mais voilà que tes frères se firent blousons noirs Chaîn’ cuirs et foulards L’un c’était ton Johnny l’autre ton Brando T’admirais leurs motos C’était la mauvaise graîne dont ta mère avait peur Que tu le fasses le rocker
Tu jouais la vals’ musette au tempo Brown Sugar Et ton accordéon tu l’as mis au rancart
Le jour chauffeur livreur, la nuit road manager Tu comptais plus tes heures Ta dos’ d’amphétamines plus le steak de houblon Tu virais au pochtron T’étais trop fatigué, tu roulais sous la table Tu t’étais mis minable Tu bouffais du tranxène de l’antidépresseur Lessivé le rocker
Tu jouais la vals’ musette version heavy metal C’était du gros qui tâche et ça valait que dal
Alors t’as tout plaqué, t’as fait le VRP L’a fallu te nipper Mais c’était pas ton styl’, t’était pas naturel Tu es bien trop rebelle Tu t’es mis à écrire des valses jazzifiées Des javas bien troussées T’as largué tos boulot et t’as fait des chansons Avec l’accordéon…
J’en avais marr’ de cett’ vieill’ France Je rêvais de voir l’Amérique Et depuis ma plus tendre Enfance Je jouais d’la guitare acoustique Oui j’en pinçais pour New Orlean’ Pour les bluesmen blancs de Nashville Quelques trav’llers, deux paires de jean’ À 20 ans la route c’est facile…
…Me voilà sur la sixty-one À longer le Mississipi Le sac à dos et la banane Bref du routard la panoplie Dans les wagons de marchandise Comm’ un passager clandestin La peur a mouillé ma chemise Et j’ai eu froid et j’ai eu faim…
J’suis qu’un cow boy de série B sorti d’un western cassoulet J’suis qu’un cow boy de série B sorti d’un western cassoulet From L.A. to Bagnolet
J’ai fait la manche dans les rues Du San Francisco chic et gay Avec’ un’ gratt’ un peu tordue En chantant du folk engagé J’ai fait la plonge à Santa Cruz Chez une fill’ de la jet-set J’ai pu enfin m’la couler douce Et j’ai fumé tout’ sa moquette…
…Non je n’ai pas pu m’habituer
Aux pizzas
molles et aux chiens chauds Aux chicken fries et aux fayots Quand j’ai eu les trois cents dollars
Pour le payer le
Jumbo Jet Je m’suis j’té sur un’ andouillette
J’suis qu’un cow boy de série B sorti d’un western cassoulet J’suis qu’un cow boy de série B sorti d’un western cassoulet From L.A. to Bagnolet.
De mes vingt-cinq printemps en banlieue parisienne Je m’souviens de mes potes de Seine-Saint-Denis J’y vivais une bohème de banlieue plutôt saine J’faisais partie d’la bande des « Ringards » de Rosny Sans bagnole tu fais rien tu bouff’ du RER Ou tu regardes passer tous les beaufs au Mammouth Alors pour oublier les pavillons meulière Y’avait qu’deux solutions : la musique ou la route… Et nous on a choisi la musique !
Faudrait pas nous d’mander si on avait un style On mouillait nos chemises et nos thermolactyls À la batterie Riton, la terreur des baguettes Qui paumait toutes ses douilles en secouant la tête Nanar l’saxophoniste était gardien de stade Et Jipé le gratteux, un bidasse, un sans grade Denis le beau bassiste étudiait la physique Et moi c’était Michtô la bille en mécanique…
Nos minettes de banlieue avaient une santé d’fer Elles jouaient même au football et tiraient les corners Quand le vieux bus usé crevait sur l’autoroute Elles jouaient d’la manivelle, c’était pas la déroute
L’épopée de ce groupe dura près de trois ans Compagnons de la dèche, des tuiles et des jours-sans De baloches en galères en projets qui capotent Des liens indissolubles soudèrent le groupe de potes…
J’aim’rais tous vous revoir un jour dans mon Paname Où j’habite maintenant avec cell’ qu’est ma dame On évoqu’rait l’passé, on ferait des projets D’aller taper le boeuf chez Dédé d’Bagnolet
Manouche et latino, on s’appelait Los Craignos On s’endetta beaucoup comme tous les musicos Restait plus qu’le baloch’ pour payer le matosse Qu’on verrouillait le soir dans le garage blockhaus
Le disque enfin sortit, sans tambours ni trompettes Après un dur labeur, de répètes en maquettes Un’ super’ diffusion sur Vill’momble et Gagny On le trouve au juke-box du couscous de Rosny.
J’aim’rais tous vous revoir un jour dans mon Paname Où j’habite maintenant avec cell’ qu’est ma dame On évoqu’rait l’passé, on ferait des projets D’aller taper le boeuf chez Dédé d’Bagnolet (bis)
Imper pas net,
paire de lunettes, j'suis un privé.
Du coup, un peu
poireau comme un Hercule sans travaux, je dis pouce, j'tape en touche et
j'me licencie moi-même. J'habite une piaule à l'hôtel de la gare. C'est là qu'j'écris mon scénario sur une vieille Remington, Tout un programme un vrai thriller. Un vrai polar, écrit en vers... Et ça commence comme çà :
« Aux confins broussailleux , zones désaffectées Survivent les peuplades que je dois inspecter Je les piste à distance et j'avance masqué Au milieu du chiendent, des orties, des stellaires Je traverse des friches, je franchis des barrières J'observe leurs enfants qui jouent dans la poussière...»
Voilà c'est tout... J'n'arriv' pas à aller plus loin...
Quand le café ne me fait plus d'effet, j'refais ma vie en écoutant la pluie tomber dans le lavabo.
La nuit comme une bouée se balance sur un tempo cardiaque pour insomniaque et moi je craque... ma Lucky Strike... en attendant l'aube écarlate du point du jour....
Prénom Ulysse, j'm'appelle Navet. Ulysse Navet, j'suis un privé. Enfin j'étais...
Car ma secrétaire, ciré en skaï, lunettes d'écaille, a pris ma place.
Et moi ? Eh bien, je crois que j'vais m'finir .... mon scénario.
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