Textes : Michel DRÉANO
PARIS COULEUR |
Paris du mélange, pari (s) toucouleur New York sur Seine c’est du béton Pour tous les kids de Charenton Tu m’ plais, t’ as l’ look Michaël Jackson On s’fait un’ bouffe, on s’téléphon Soigne ton styl’ tu s’ ras chébran Androgyn’ noir adolescent T’es punk, techno ou néo-bab’ ? Non j’ suis chômeur, en plus Arabe… Et j’te paierai un lait framboise Quand les Malienn’ s’ront des Suédoises…
La Franc’ c’est comme un’ Mobylette, pour avancer faut du mélange Tu aim’ mon fromag’, ma baguett’ moi j’fais d’la funk qui chansonnette La Franc’ c’est comme un’ Mobylette, pour avancer faut du mélange Tu n’aim’ pas trop les étiquettes, moi j’dans’ le raï dans tes baskets
Des nouveaux pauvres au Pont d’Tolbiac Crois’ des émirs en Cadillac Et les clochards d’la Butte-aux-Cailles Chin’ quelques francs aux Laos-Thaïs En haut des tours de Chinatown Fils de Phnom Penh, fill’ de Vientiane Et vogu’ l’amour, jonqu’ et sampans Paname accueill’ des survivants Des réfugiés comme autrefois Demain au siècle vingt un : combien de migrants du climat ?…
La Franc’ c’est comme un’ Mobylette, pour avancer faut du mélange Tu aim’ mon fromag’,ma baguett’, moi j’ fais d’ la funk qui chansonnette… La Franc’ c’est comme un’ Mobylette, pour avancer faut du mélange Dans le commerce tu mouill’ la ch’mise, moi j’mang’ tes sushis, tes lychees
Considérations esthétiques Sur le racisme et sa pratique A la cafette, au restau U Dans l’arrière-salle du P.M.U. Avec des mots très différents C’est blanc bonnet et bonnet blanc Mais faudrait changer de focale Pour retrouver l’élan vital Sinon le pays se sclérose Alors que l’évidenc’ s’impose :
La Franc’ c’est comme un’ Mobylette, pour avancer faut du mélange Tu aim’ mon fromag’,ma baguett’, moi j’ fais d’ la funk qui chansonnette… La Franc’ c’est comme un’ Mobylette, pour avancer faut du mélange Et quand Zidan’ marqu’ de la tête, la rue se lève et fait la fête.
« Tous les dimanches de 5 à 7 plutôt qu’d’aller au cinéma je lav’ mes ch’mises et mes chaussettes. C’est une des joies du célibat. Assis sur une chaise en plastique, j’regarde mes fringues s’envoler ; mille tours minutes c’est fantastique et je me perds dans mes pensées… Alors j’ rêve que … …Je fréquente un’ chouette laverie Automatique, propre et coquette Dans un quartier qu’on démolit J’l’appelle “ma beautiful laundrette” Dans cette Babel du textile Où les tambours mènent le bal De splendides femmes défilent Et je voyage sans escale.... A Yanaon, à Karikal, à Mahé, à Pondichéry A Chandernagor, au Bengale, je peux rêver dans ma lav’rie...
Tournez satins, cotons, madras, Derrière le hublot des machines Valsez, valsez, chiffons de strasse, Belles dentelles,lingeries fines
Un’ femme en sari et batik Me demandent conseil pour trier Linge couleur et synthétiques Pas dépasser trente-cinq degrés Derrière le hublot des machines Je me transporte au Rajasthan Dans les ateliers, les usines Sur les métiers triment les enfants...
Tournez velours et taffetas Derrière le hublot des machines Valsez, valsez les pyjamas Les kimonos en soie de Chine
Un’ femme en boubou bogolan Me tend un journal chiffonné Ca chauff’ sur les quais d’Abidjan Plus d’boulot pour les Baoulés Derrière le hublot des machines Tournent les bleus des balayeurs Les salopettes et les vieux djinns Des Soninkés, des Toucouleurs...
Tournez chemises et laines polaires Derrière le hublot des machines Valsez, valsez les pull-overs Les survêt’ments et les pop’lines…. Tournez tissus du monde entier (ter)
Dans le café de Kabylie (Claude Astier et Michel Dréano)
Dans le café de Kabylie Là, juste en face du bougnat Dans la fumée bleue de minuit Rêvant à la belle Aïcha Rêvant à la belle Aïcha Il déroulait des farandoles Pour ses frères déboussolés En leur chantant sur son mandole La chanson noire des exilés La chanson noire des exilés
Mais les femmes là-bas quand vient le vent du nord Mais les femmes là-bas l'attendent-elles encore ? L'attendent-elles encore ?
Oula thilawin zergountt lrolva ? Oula thilawin zergountt lrolva ? *
Dans le café de Kabylie Son port d’attache est fixé là Dans un faubourg près de Paris Rêvant à la belle Aïcha Rêvant à la belle Aïcha Il l’imagine en amazone Blottie le soir tout contre lui Ils s’envolent loin de la zone Bravant la nuit froide et la pluie Bravant la nuit froide et la pluie
Mais les femmes là-bas quand vient le vent du nord Mais les femmes là-bas l’attendent-elles encore ? Rêvent-elles d’exil ?
Oula thilawin zergountt lrolva ? Oula thilawin zergountt lrolva ? Dans le café de Kabylie Pour tous les chibanis qu’il aime Son mandol’ joue les litanies Des chansons de Slimane Azem Des chansons de Slimane Azem L’hiver quand les frimas reviennent Loin des plages de Bedjaïa Il regarde couler la Seine Au pied du zouave de l’Alma Au pied du zouave de l’Alma
Mais les femmes là-bas quand vient le vent du nord Mais les femmes là-bas l'attendent-elles encore ? L'attendent-elles encore ?
Oula thilawin zergountt lrolva ? Il n’y a plus personne au bled là-bas Depuis que les femmes aussi… Rêvent d’exil. Rêvent d’exil Rêvent d’exil.
Le 95 croise le 31 Mais comme ils vont pas assez loin Je reste tout seul à regarder la pluie Laver les parapluies
Jour de marché Rue Ordener Il pleut Je m’paierais bien un kilo de ciel bleu Mais y’en a plus, tout est parti Comm’ des p’tits pains Mais je m’en fous J’ai plus faim
Aujourd’hui les endives Sont passées à quinze francs Mais depuis qu’t’es partie Seul compte le prix du temps Dans les marchés d’là-bas Est-ce que t’as comme moi Le cœur sur l’estomac ? Est-ce que t’empiles en vrac Tout au fond d’un grand sac Un tas d’idées patraques ?
À deux heures on remballe et se vide la rue Moi j’ai l’cœur comme un fruit invendu Et je reste sur place à constater qu’la flotte Me mouill’ plus que les autres
Jour de marché Rue Ordener Il pleut Ramène-moi un morceau de ciel bleu Et si à la douane cela te pose Quelques problèmes Transforme-le en poème.
1962, j’ai 10 ans La guerre d’Algérie est finie Et je suis bien content Porte de Ménilmontant De jouer dans la zone À deux pas de Paris Le périph n’est pas encore construit Et notre environnement Est un décor inédit Où Robert Dhéry a tourné La belle Américaine… …Terrain vague des boucs, des bohémiens, des manouches Pique-nique et cyclocross, allez, dégage en touche ! Tir au but, plaies et bosses Bric à brac, la jungle d’un grand terrain d’aventures Des rôdeurs, carcasses, des sommiers dans les ordures Des chevaux, des chèvres, des collines, cimetières d’autos Territoire des gamins, panoplies de Zorro Rintintin, Pif le chien Femmes à barbes, catcheurs, le grand huit est en panne Pas peur du train fantôme, Diabolo menthe et peaux de bananes L’eau de Cologne sent bon, Forvil la brillantine L’odeur âcre du pneu brûlé Le cousin coco, les quilles à la vanille Boutons d’or et jonquilles Les garçons s’appellent Patrick, Michel, ou bien Martial Les filles c’est Patricia, Muriel ou bien Chantal… ( SUR L’AIR DE JAMES DEAN 62) : La voiture fondue La diligence La cabane le teepee Les scoubidous, Douce est la France Les Fougères Les Lilas, Peut-être n’est-on Que d’un seul pays l’enfance Nos premiers émois En noir et blanc notre cinéma Loulou blouson doré le James Dean de la bande Près des auto-tampons aime Mademoiselle Age Tendre Montreuil au beurre noir, nougats et pains d’épice Tir à la carabine, cirque des Puces, le père, le fils… La fermeture Eclair de la belle mercière La mère est couturière, le père fait la cuisine Les grands frères des copains travaillent à l’usine Aux Laiteries parisiennes, ramener les consignes Avec la petite monnaie on s’achète du zan Le soda Vérigoud me bousille les dents A l’épicerie-buvette du côté des Lilas Gévéor piquette, Kiravi qui ravage le foie…
Je me souviens : J’ai 10 ans Et je suis bien content Porte de Ménilmontant De jouer dans la zone À deux pas de Paris.
Entre Montmartre et l’Everest Il n'y a qu'un pas Des escaliers de la butte Aux paliers de décompression Tant d’inconnus tant d’illustres Tous ont rêvé d’ascension Du moulin de la Galette Aux moulins à prières Des artistes aux alpinistes Il y a du génie dans l’air
Entre Montmartre et l'Everest Il n’y a qu’un pas Remonter la rue Lepic Affûter ses pinceaux Partir à l'assaut des pics Arriver à Picasso Au Bateau Lavoir là-haut Tous voulaient toucher le ciel Aller à l’essentiel
Entre Montmartre et l’Everest Il n’y a qu’un pas De la place du Tertre Où les touristes en mal d’idoles Cherchent en vain les restes D’un passé qui dégringole On peut toujours c’est plus drôle Pour se consoler de tout Prendre par la rue des Saules Le chemin de Katmandou
Entre Montmartre et l’Everest Il n’y a qu’un pas Robes des folles ou des bonzes Chacun son karma
Les autochtones de la nuit payés par les feuilles à scandale La star déchue, lunettes noires, qui leur lit Verlaine et Rimbaud Le hasard pur pour objectif d’une rencontre capitale La tour Saint-Jacques ou le Pont Neuf pour une interview de Garbo
La traduction simultanée en poésie de l’insolite La Seine qui fait sa toilette pour le congrès des crevettes roses Le bel été du bicentenaire et son message cosmopolite Le carnaval des mosaïques et la fraîcheur de ceux qui osent...
Au Pont Neuf des refrains des bardes disparus Au timbre de la voix de la chanson des rues…
La faune du dernier métro, voiture-balai des noctambules Les doigts de fée d’une harpiste au jeu de paume des Tuileries Le clapotis du bateau-mouche quand les enfants soufflent des bulles Le « jazzeman » de vingt-cinq berges qui répète son blues de Paris
Le charbon noir des idées flèches sur la page blanche du synopsis Le scénario a pour héros un titi nommé Belkacem L’envie de faire comme Wim Wenders un film sur une petite Alice Mais une chanson c’est plus facile, faut qu’j’la dépose à la Sacem...
Au Pont Neuf des refrains des bardes disparus Au timbre de la voix de la chanson des rues…
Périf (à la coule et en 2 CV)
Coinçé sur le périph’ à onze heures du soir Super embouteillage de Vincennes à Balard* De la radio F.M. surgit une musique Un cocktail idyllique dans ma deux ch’vaux noire**
Y a trop de voitures sur la p’tit’ ceinture !
Inattentif, rétif à la circulation Me vl’à dans un’ galère en pédal’ champignons Si mon automobile n’a pas trop pris de gnons La tir ‘ du mec d’en face en a pris un sacré j’ton...
Y a trop de voitures quell’ déconfiture !
Sortant de son char en Danone expansé Un mastard m’invective jusqu’à franch’ment m’agresser C’était un 63 qui n’avait pas compris Que Panam’, son bazar, c’est vraiment pas le paradis...
Y a trop de voitures qu’est-ce que ça sature !
Tout ça de tout’ façon c’est vraiment dérisoire Et du périf blafard j’en fais toute une histoire Mais à tous fair’ pareil on est là comm’ des cons Panurges à fond la caisse dans nos boîtes à savon...
Y a trop de voitures quell’ déconfiture !
Y a trop de voitures et plus José Artur !
À une passante sur les Champs-Elysées
Quand tu es apparue sur les Champs-Elysées Je n’ai plus vu que toi et tout a explosé. Dans ma tête, dans mon corps, C’était comme un soleil Qui soulevait tes tresses et ton casque aux oreilles… Tes dessous dépassant du blue jean cigarette
Vas-tu te retourner enfin ? Mais non tu es fière comme une diablesse Sûre de ton pouvoir, tu m’enchaînes à ta laisse En deux temps, trois mouv’ments, Tu as dèjà filé Alors j’ai renversé tout mon café au lait… Coupée à la garçonne comme Jean dans À bout de souffle Tu te diriges vers la Seine Et les hommes ont pour toi les yeux de Chimène Circulez, circulez ! Et la foule reprend son va-et-vient Moi je me sens vermoulu Décidément, sur les Champs Je n’aime pas le défilé des touristes Qui te prononcent “Champ’s L..A..I.”sis” Et pâmez-vous Parigi, Pairisse, Pâriss. Paris ! Oh la la ! Bibelot fluo hors de prix, Dans l’odeur fricandel du Mac Do Tandis que les Fatoumatas S’engouffrent chez Sephora, Un cornet de Mac Nuggets à la main Graisse et sueur, parfum “tue-mouche” Fly-Tox, intox Alors je fuis ce vent mauvais Et je m’engouffre au ciné Voir un vieux film d’art et d’essai Là //Je te vois passant Se// Détachant sur l’écran Ma belle inconnue Totalement nue Descendant l’avenue Emportée par la foule du joli mois de mai Ô toi que j’eusse aimé ô toi qui le savais.. La rue assourdissante autour de toi hurlait…
Pandora et moi Ell’ met ses bas de soie Clap Couleur sépia Nuit américaine Pano sur la Seine On entend les sirènes Du Hollandais volant Ca passe en noir et blanc C’est pas raccord, coupez ! Faut m’refair’ ça les électros ! Au plan séquence : Silence. Action ! Pandora et moi Ell’ jett’ ses bas de soie Cut Plan sur les toits Flou net nouvelle scène Retour sur la Seine Plongée vers les sirènes Arrêt fondu au bistre Ouverture à l’iris Pandora et moi Elle est nue dans mes bras Clap Mais ell’ s’en va Descend vers la Seine Voir son capitaine C’est elle la sirène Du Hollandais volant Ell’ court vers son amant Pandora et moi Rêve ou réalité Fin du tournage Fin du mirage Elle a filé Restent les rushes Faut que j’m’accroche Pour les monter Pandora et moi
Nuit américaine, Chaland sur la Seine, Clapotis de la péniche à quai Séquence saxophoniste emballant le Pont Neuf Ho hisse la grand’ voile de la Samaritaine Plan du chant des sirènes du Hollandais volant À la proue du vaisseau fantôme Fondu au noir. Pandora et moi, Noir.
Ma fleur, mon amour J’ai longtemps espéré Dans tes yeux clairs, la clé Du mystère de nos jours
Je t’ai longtemps cherchée, mon amour Tel un trouvère sur la plus haute tour Comme un poète comptant ses quatrains Sur les quais des gares, dans les trains...
Ma fleur, dans ta rue On chantait dans les cours Mais il a disparu Ton quartier, pour toujours
Je t’ai longtemps cherchée, mon amour À la terrasse des cafés du faubourg Dans les passages secrets du hasard Sur les ponts des bateaux des boulevards...
Je t’ai longtemps cherchée, mon amour Mais j’étais muet, aveugle et sourd Quand soudainement, signe du destin, Un doux matin tu m’as pris la main...
Enfin je t’ai trouvée Mon amour, mon amour Après bien des années Où tout me semblait lourd Enfin je t’ai trouvée Mon merveilleux amour.
Rime et rame (Java héroïque)
Toi le gars qui rime Anti-déprime Un’ java héroïque, Ell’ fait danser
Au quatorze juillet Rime et rame rime et rame rame Toi le gars qui rame
Mêm’ si tu la ramènes
Tes vers bizarres
Le bistro blanc devient noir Verse-moi deux guignolets avant que j’sort’ mon biniou Mon dépliant à soufflets chantera tes rim’ cass’cou Toi le gars qui rime Tu tiens plus sur tes cannes Toi mon bonhomme Mon double en graphomane En vieux chaman Tu t’cam’s au poème Grâce à toi mon vague à l’âme Je le sème Rime et rame rime et rame rame Toi le gars qui rame, Sacré phénomène Tu voles l’âme De Muse Melpomène La tragédie Se mue en comédie Et grâce à tes rim’s, je revis Et je ris Verse-moi deux guignolets avant que j’sort’ mon biniou Mon dépliant à soufflets s’accorde à ton haïku C’est le ramdam Au gueuloir des écrits Où les fous de slam
Viennent faire leur nid Et si la lune luit En bon Pierrot, tu prêtes ta plume et ton cri À Paris…. (au final fredonner « la la la la la la la la la la la la » sur l’air de Francis Lemarque)
Sunset au crépuscule Dans ta piaule capsule Au boulevard de l’air plane En novas de platanes La fauvette du jour M’a fait vingt fois l’amour Près des gares échangés En regards étrangers Des retours de folie Dans les rues de la vie Doux fennec des déserts Des planètes camembert Le feu des fées des fjords Me brûle et raccorde Ma folie Rigoles qui rissolent Ruissellent sur ma fiole Qui décolle et qui vole La mécanique molle Des histoires d’eau bénite Par la météorite On les crevait pourtant Les écrans de Paris Des poches sous les yeux Et le rimmel qui fuit Fallait pas croire pourtant Qu’on était des mutants On avait tout le temps De s’avouer nés perdants Dans la vie Au hasard de pleine lune Je t’ai vue toute brune Et c’est vrai je t’attends Je t’attends au tournant Jalousie des auvents Son sourire sans trêve Et c’est vrai et j’en crève Café cramé frappé Des revues de ciné Des regards langoureux Mon chéri à nous deux Des femmes pas compliquées Qu’on attend dans l’allée Des senteurs de l’été Amour et amitié À ma mie D’olvidados apaches Manouches et gitanas Maquillent la nymphe astrale En aurore boréale À minuit I’ve got the blues maudit Oui j’ai le jaja blues.
Terriens (texte : Catherine Duval /musique : Jean-Jacques Seguin et Michel Dréano)
Un soir dans le métro qu’j’écoutais au walkman Une histoire électro pour éviter qu’on m’tanne J’ai rencontré Suzie la vieille bohémienne Dans sa jupe à volants de cartomancienne
Elle avait sur l’épaule un joli petit singe, Des rêves de roulotte au fond de ses yeux dingues Deux, trois tours de magie, un tarot de Marseille Et la Vierge Marie sur ses boucles d’oreilles
Après quelques gris-gris Suzie m’a pris la main Un accent de Russie pour me lire mon destin Il me fallait bien ça pour affronter Pigalle, Ses néons, ses clochards et son sexe à deux balles …
Ca rigole au comptoir ça aime à en crever ! Même sur le trottoir… Terriens de toute beauté
Tout au bout de la rue j’ai vu les travestis Qui attendaient le bus- enfin c’est ce qu’ils disent- Mysty s’était rasé de près comm’ un’ jeun’ fille, Tout fier de nous montrer ses nouveaux seins en kit
On l’a r’trouvé sanglant, gisant dans sa zibeline Qu’il avait mis trois ans et une passe à s’offrir Comme j’avais pas l’moral je m’suis laissé tenter Par le nu intégral d’un’ danseuse fanée
Ersatz de Marylin pour le spleen touristique Perruque blond platine dans le bleu d’la vitrine Sur le siège inclinable de ma pauvre cabine Le show était minable et la laideur sublime…
Ca rigole au comptoir, ça aime à en crever ! Même sur le trottoir… Terriens de toute beauté
J’ai retrouvé l’espoir en mêm’ temps que l’air libre Dans l’harissa d’Omar, son kebab et ses frites Au Café d’la Rotonde j’ai pas trouvé la mort Mais le centre du monde, l’humanité, de l’or…
Ca rigole au comptoir, ça aime à en crever ! Même sur le trottoir… Terriens de toute beauté !
Femmes oriflammes des pluies espérées (le courage des mères)
Elles chantent en chœur au rythme de la pluie En rêvant de la paix ell’ bercent leurs petits Guettant le messager des missives envolées Qui chasserait les pleurs des femmes esseulées
Elles chantent pour conjurer les peurs et les dangers D’océans inconnus qu’il leur faut affronter Pour retrouver leurs hommes leurs frères rescapés Exalter la splendeur d’autres canopées
Elles chantent pour leurs hommes en terres étrangères Elles chantent le combat pour rester digne et fier Elles sont l’oriflamme…du courage des mères
Elles chantent la langueur de l’été finissant Et garde (nt) le sourire quand s’éloigne l’amant Vers l’exil ou la guerre lui laissant le tourment D’un enfant solitaire dont le père est absent
Elles chantent la mousson attendue par la terre Que la herse transperce de ses lames guerrières Comme étrave au couchant sombre l’astre solaire Alors montent les chants des femmes solidaires…
Elles chantent pour leurs hommes en terres étrangères Elles chantent le combat pour rester digne et fier Elles sont l’oriflamme…du courage des mères
Tu revois ton enfance au pied des escaliers Où tu jouais au foot avec tes vieux souliers Ces grottes de Lascaux des cages d’ascenseurs Que tu bloquais souvent avec ta petite sœur Tu pars photographier les peintures éphémères Avant que ne surgissent les géants bulldozers Tu cherches à reproduire le geste du semeur D’une bombe aérosol le pollen du graffeur
Cela s’appelle la ville c’est ton pays réel Tu regardes les tours avec tes yeux de miel
Tu roules en bicyclette en longeant le canal Où les Mimile-bretelles pêchent l’ablette au gasoil Tu croises chemin faisant René le maraîcher Qui livre ses salades fraîches à l’hypermarché Tu t’arrêtes un instant aux jardins ouvriers Où les Papy-Doisneau s’éclatent dans les rosiers Combien de temps encore ces derniers Mohicans Pourront-ils résister aux crocs des caïmans ?...
Cela s’appelle la ville c’est ton pays réel Tu regardes les tours avec tes yeux de miel
J’ai la morsure du froid Le matin qui m’assaille J’essaie d'tenir debout De colmater mes failles
Aux vitres de ces trains Reflet des jours qui passent Là je vois mon destin Se perdre dans les glaces…
Emmenez-moi, emmenez-moi Je suis plein de larmes Emmenez-moi J'ai trop mal à mon âme
Seul j’erre dans les gares Marchant comme un zombie Et j’écume les bars De ma chienne de vie
Dieu sait que je trimballe Un blues carabiné Aurais-je le mental Pour oser me tirer ?
Emmenez-moi, emmenez-moi Je suis plein de larmes Emmenez-moi J'ai trop mal à mon âme
J’envie les boute-en-train Les battants dans la vie Moi qui toujours me plains Au bureau des envies
Je marche dans la nuit Obsédé trop avide De tous ces trains qui fuient Tortillards et Rapides
Emmenez-moi, emmenez-moi Je suis plein de larmes Emmenez-moi J'ai trop mal à mon âme Emmenez-moi, emmenez-moi Je suis plein de larmes Emmenez-moi. J’ai trop mal à mon âme
Minuit moins toi Cœur en hiver Suis à l’étroit Et à l’envers
Minuit moins toi Chemin de croix Tout me rudoie Alors je bois
Minuit moins toi C’est pas sexy À trois heur’ trois Je suis occis
Minuit moins toi Du plomb dans l’aile Mon cinéma Chambre d’hôtel
Est-ce le manque de toi qui me foudroie ? Là dans mon lit Je miaule à la lune La nuit offre sa neige aux écrans Et c’est du lourd Le mal d’amour
Minuit moins toi L’œil en faction Babylone boit À la Nation
Minuit moins toi Trente-six chandelles À hue à dia C’est le bordel
Minuit moins toi C’est la vie chienne L’homme aux abois Les cris de haine
Minuit moins toi C’est pir’ que tout C’est Calcutta Sans Katmandou
Est-ce le manque de toi qui me foudroie ? Là dans mon lit Je miaule à la lune La nuit offre sa neige aux écrans Et c’est du lourd Le mal d’amour
Minuit moins trois Compte à rebours La vie moins toi C’est sans retour
Minuit moins toi Douze coups sonnent Les chiens aboient C’est pour ma pomme
Est-ce le manque de toi qui me foudroie ? Là dans mon lit Je miaule à la lune La nuit offre sa neige aux écrans Et c’est du lourd Le mal d’amour.
Allo Allo, Moshi Moshi. Oh ! Je t'appelle de Paris Car Dieu sait que je me languis de toi ma petite souris
Allo Allo, Moshi Moshi .Allo réponds-moi je t'en prie Ou je me fais hara-kiri dans l'eau qui mouss' du jakuzi...
Je ne me coup'rai pas le doigt Je suis pas le genr' yakusa Je f'rai pas non plus seppuku, J'préfèr’ t'écrire un haïku
Ombrelles et cerisiers fleuris, blancs kimonos en harmonie J'irai au ciné place Clichy, Kurosawa, Mizoguchi
Enfin te retrouver là-bas, enfin te serrer dans mes bras Nous balader en amoureux, seuls sous la lune, après la pluie Enfin décoller de Roissy, enfin me blottir dans ton lit Après l'amour sucré-salé ,Viv' la cérémonie du thé...
Allo-Allo, Moshi-Moshi c'est pas vraiment joli-joli Dans les bouchons rue d'Rivoli en plus c'est lundi-raviolis
Sache que je suis au tapis et mêm' complèt'ment tatami Sans baguettes et sans bol de riz, sans saké ni sukiyakis
Allo réponds, je t'en supplie ! Car ton accent est un sushi Qui m'ôte nuages et soucis Sur mon futon porte d'Ivry
Ta voix me donne le courage ainsi que la force du voyage Pour te rejoindr' dans ton pays au soleil levant, loin d'ici
Enfin te retrouver là-bas, enfin te serrer dans mes bras Nous balader en amoureux, seuls sous la lune, après la pluie Enfin décoller de Roissy, enfin me blottir dans ton lit Après l'amour sucré-salé, viv' la cérémonie du thé...
Allo-Allo, Moshi -Moshi Ah ! Que l'hiver est rude ici "Ouatachiva Anatao Hashtimassou " Moshi-Moshi.
C’est une histoire très parisienne Elle commence dans le 16ème Chez les nantis et les assis Coté Neuilly Auteuil Passy Elle c’est une blonde plutôt classe Lui un tatoué du genre coriace A la piscine Molitor Dans l’eau se frôlèrent leurs corps Ce fut le choc le grand déclic Les casinos et les boites chics
Série blême très parisienne
Ils se vautrèrent dans les palaces Ils se montrèrent chez les rapaces Chez les caïds ceux du Milieu Dans des villas de grande banlieue Puis son Aldo la fit reluire Dans une piaule rue des Martyrs Deux jours plus tard changement de ton Ce fut l’trottoir et les michetons Et comme il était psychopathe Il la viola dans la rue Watt
Série blême très parisienne
Recueillie par un vieux libraire Un débonnaire libertaire Qui joua les bons pygmalions Et lui fit lire du Proudhon Tant et si bien qu’elle se mua En avocate des parias On la vit même à la télé Plaider la cause des sans-papiers D’ceux qui cotisent à la Sécu Et qui pourtant sont à la rue
Série blême très parisienne
Et c’est ainsi que l’ancien mac Traversa le pont de Tolbiac Pour retrouver la jolie blonde Dev’nue égérie du quart-monde Ni une ni deux il décida De remettr’ ça comme autrefois Il l’aborda là dans la rue Pour lui poser le grappin d’ssus Mais elle avait changé de ton Finis l’trottoir et les michetons
Série blême très parisienne
Fou de rage il la balafra Mais elle sortit son Beretta Sans un mot elle défourailla Dix balles blindées dans l’estomac Et cette histoire bien parisienne Entre Burma et Série blême Commencée dans les beaux quartiers Se finit Quai de la Rapée Dans un tiroir réfrigéré Une morgue pleine de macchabées
Série blême très parisienne Série blême très parisienne
Où sont passés les petits métiers d’antan ? Et moi si j’étais né en 1900, lequel aurais-je choisi pour ne pas finir brigand ? J’en ai toute une liste, un inventaire à la Prévert…
Fort des Halles peut-être pas. Mais reste encore : fileur de lumignon, redresseur de clous , professeur de cris, bagotier, cintreur de bananes, allumeur de réverbères, compagnon de rivières, montreur d’ours, aboyeur de théâtre, homme-sandwich… Alors puisqu’il me faut choisir, j’opte pour celui de limonadier. Oui je reprendrais volontiers le flambeau des artisans de la rime utile dans mon cabaret. Celle qui ne s’engage à rien d’autre qu’à dire la vérité. Quitte à être traînée dans la boue par la presse de caniveau. Bien entendu, puisque aujourd’hui le public ne croit plus au grand soir, je ne composerai pas des airs révolutionnaires pour les marchandes de mouron, les loueuses de sangsues, et les chapelières de fleurs. Et je n’aurai pas le plaisir de ridiculiser les sergents recruteurs puisque la conscription obligatoire a disparu. Mais j’ouvrirai ma gueule c’est sûr. Et puis avec l’ami Marcel nous nous inventerons des fidélités de racomptoir avec des personnages fictifs et attachants : cracheur de feu follet, pêcheur de compliments, jardinier de brouillards, soudeur à l’amitié, étameur de rimes, gonfleur d’orgueil, jockey d’escargots, chorégraphe de puces, chaman pour chien…
En attendant voici mon envoi : « Où sont passés les p’tits métiers ? D’antan et aussi d’aujourd’hui ? J’ai bien peur qu’ils soient tous détruits Par la nouvelle économie Dans les ruelles de Paris »
Les trottoirs de la rue de Lappe
Sur les trottoirs de la rue d'Lappe Riton le mac pèse son pèze Bell' petit' gueule, genre petite frappe Qui fait marner ses portugai-ai-ses Petite gagneus’ d'la P'tite Roquette
Mimi Pinson, coeur
d'artichaut
Va t'en Va t'en, fumier, salaud ! Crève à p'tit feu mon beau Julot Comment veux-tu que je supporte Ton fric, tes pompes et ton cigar' d'Aldo ?
La rue change depuis bell' lurette Ca fait un bail qu'y a des bourgiffs Les Auverpins sont en retraite Et le tapin change de tarif, au pif La salsa remplac' le musette Et la Boul' rouge et l'Balajo Combien de temps f'ront -ils recè-e-tte ? Est-ce la fin des haricots ?
Va t'en, Va t'en,
fumier salaud ! Métamorphose des cloportes Le mac', q'reau, se fait promoteur véreux
Sur les trottoirs de la rue d'Lappe Riton le mac joue l'affranchi Il faut innover dans la retape Dit-il au patron du gourbi, surpris, Y faut t'investir dans la tri-que
Par la messagerie
interposée Sur sit' "ruedlappe" au code d'accès : TANGO.
A l’épic’rie-buvett’, « Chez Fanfan » rue d’Tourtille J’ai rencontré Jean-Luc, mon copain de Bell’ville C’est là qu’un beau matin il m’a dit : « J’en peux plus De dorer du nickel dans des cuv’ en alu Et basta les cadences, les heur’ sup’ non payées Je me tire d’ici car je veux voyager Avec un sac à dos et un harmonica À nous deux le Mexique et le Costa-Rica ! »
Mon Jean-Luc, Dieu qu’il aimait la fête ! Préférait le mambo à la valse musette Porter le sombrero plutôt que la casquette
Là-bas Jean-Luc s’est fait négociant d’art indien
Moi qui craignais le pire il
s’en sort plutôt bien Sauf quand passe la Mô’me Piaf à la radio Sa femme est mulâtresse, ses enfants sont chabins Ses amis musiciens sont des Caribéens S’il n’est pas malheureux s’il ne manque de rien Il se fait de la bil’ car c’est un tracassin
Mon Jean-Luc, Dieu qu’il aimait la fête ! Préférait le mambo à la valse musette Porter le sombrero plutôt que la casquette
Il a quitté son job, sa femme et ses amis Vers d’autres horizons, un jour il est parti Fumer l’herbe du diable au chant du canari Et boire son mescal comme un Malcolm Lowry Avec son sac à dos et son harmonica Et Bye Bye le Mexique et le Costa-Rica L’est parti vers le Sud courir les Hauts Plateaux Jusqu’à la Terr’ de Feu, il veut changer de peau
Mon Jean-Luc, ton Bell’ville a changé De peau également, ses nouveaux étrangers, Venus surtout de Chine, ont repris les cafés
« Chez Fanfan » Rue d’Tourtille, l’épic’rie a brûlé À part la vieille école dont la cloche a sonné Il ne reste plus rien de notre cher quartier.
Belleville c’est pas Barbès Pour le gars d’Agadès Noir descendant de Cham Amoureux de Paname… Belleville ça n’a pas d’âge Pour le Muslim El Hadj Quand il vient rue Bisson Au café des frissons…
Belleville c’est pas Barbès
Pour le juif des schmattès Des peintres en salopette… Belleville ça n’a pas d’âge Vu du vingtième étage Quand on cherche du taf Descendre à Télégraphe…
Mon satellite Cosmopolite C’est toi Paris Populi
Belleville c’est pas Barbès Vous m’en mettrez trois caisses De la bière Tsing-Tao Rue de Palikao Belleville ça n’a pas d’âge Pour les poivrots en nage
Qui foutent le boxon
Belleville c’est pas Barbès Rebelle au cheveu rêche Epargné par Haussmann Pour un supplément d’âme… Belleville ça n’a pas d’âge Râle et gueule, ça dégage ! Quand Marianne enrage Dans les embouteillages…
Mon satellite Cosmopolite C’est toi Paris Populi
Belleville c’est pas Barbès Ca vaut la peau des fesses Le 25 mètres carré La studette encombrée Belleville ça n’a pas d’âge Chambrées petites cages Les transports suburbains Dodo, métro, turbin
…Et au final…
Belleville c’est comm’ Barbès, Bonn’teau et tiroir-caisse Ca y est la messe est dite Mais dans les rues maudites De la ville diablesse Ta jeunesse transperce Mon cœur à la renverse De Couronnes à Anvers.
Mon satellite Cosmopolite Je t’aime Paris Populi ;
L’an 2000 est passé il ya belle lurette Que l’odeur des marrons dans la rue des Prairies Et que l’accordéon au bal du jazz-musette Me font du vague à l’âme en hiver à Paris Disparus les biffins les chiffonniers moqueurs Les radars sur la zone nous flashent à cent à l’heure Tandis que les fantômes goualent à fendre le cœur Des chansons de Fréhel sous le grand échangeur
REFRAIN Si l’âme populaire du Paris de naguère S’en est allé flâner du coté du canal au-delà de Pantin J’irai la dénicher la jolie fleur des Halles Derrière les moulins derrière les moulins
Pourquoi Martin Nadaud le maçon limousin N’a-t-il plus sa station ligne numéro trois Devant le Père-Lachaise le métropolitain A préféré l’offrir à Léon Gambetta C’est fini les Lilas direct par Levallois Pour joindre Bagnolet Gallieni c’est tout droit Là les nouveaux apaches s’inventent un opéra A la hip à la hop à la hue à la di
Ça fait déjà trente ans qu’on nous a mis d’équerre Nous laissant miroiter comme à nos pauvres pères L’espoir d’un pavillon en banlieue ouvrière Une maison en meulière donnant sur le cimetière Mais si j’écris encore jusqu’à des heures indues Le poème stellaire du Paris disparu C’est qu’à ma nostalgie va succéder la liesse Pour chanter dans les rues au printemps la jeunesse
Le cœur des pierres de la Samaritaine
On ne connait pas le cœur des pierres Comme celles du Pont-Neuf, Que j’ai vu un beau soir d’hiver En somptueux vaisseau emballé Au pied de la Samaritaine Où ma mère couturière allait Bien entendu pour y rêver Aussi pour y faire ses courses Le samedi le plus souvent Et quand j’atteignis l’âge de dix ans Elle me dit : “Suis-moi et tu verras Montmartre” Elle me conduisit sur la terrasse tout là-haut (oh !) Ah ! mon premier panorama ! Que c’est beau quand on est minot oui mais moi Ce qui m’intriguait C’était le musée tout en bas J’y suivais le parcours de Madame Cognacq-Jay “Fière et travailleuse, elle avait toutes les qualités de sa race… Disait la maxime encadrée sous la vitrine Je n’ai jamais osé demander à ma mère si cette phrase l’avait choquée, tout comme moi. Mais de quelle) race parlaient-ils ? Des bons commerçants bien blancs, français Bourgeois bien repus, croyants et pratiquants du dix-neuvième siècle ? Ou bien du troupeau des brachycéphales bruns Âpres au gain, Laborieux clients du magasin ?
Si les pierres blondes du Pont Neuf pouvaient pleurer Auraient-elles le cœur d’une Samaritaine Pour sauver de l’enfer Tous les Pharisiens** de la ville lumière ?
. …La fille sur la banquette porte l’uniforme jean et baskets Moi je l’habille d’un rien, d’un Orient de pacotille et je la couche…dans mon calepin… Sous son long voile maquillée Fine dentelle moucharabieh Ma Shé-hé-ra-zade rêve d’un Roland Sur le quai de Ménilmontant
Ma Schéhérazade change à Belleville et prend la on-on-on-onze Et prend la onz’ vers Les Lilas
Arrêt en plein tunnel. J’en profite pour essayer de repérer les traces de la publicité Dubo-Dubon-Dubonnet. Sublime réclame subliminale comme une image d’Epinal. Mais ça repart.
Dans Babylone souterraine C’est le défilé des dégaines Du pêle-mêl’ intergénérationnel Patchouli, Chanel, citronnelle
Ma Schéhérazade change à Concorde et prend la u- u- u-une, Et prend la un’ vers Châtelet
À la correspondance, je la perds aussitôt. Puis je la croise en sens inverse . Vais-je sauter de l’autre côté ? Non c’est foutu, elle m’a repéré. Je n’ai plus qu’à faire semblant de lire mon journal.
Planétarium des super miss Paris cosmos, pari métis Clichés de France et d’ailleurs mode rétro La mutation dans le métro
Ma Shéhérazade dans le couloir s’est fait la ma-a-a-a-lle, Avalée par la foule aux Halles…
Au carnaval des différences (texte complet car dans le cd il n’y a que la fin)
A Babelville et à Barbès J’en connais qui en font des caisses Pour plaire aux gazelles d’Haïti Qui font les soldes chez Tati Moi la vérité si je mens Je suis plus riche qu’un sultan Quand j’dans’ la biguine Plac’ des Fêtes Et la salsa rue d’la Roquette…
Au carnaval des différences Elle a tout gagner ma France Mon vieux Corneille c’est Byzance J’ai vu des djeun’s rapper tes stances
Dans le Marais c’est le ghetto
Des riches jeunes et vieux
homos On pourrait se croire au Sentier Où les Pakis, les Sri-Lankais Muslim s’interpellent en franglais On se croirait à Bollywood Ca chant’, ça dans’, ça joue des coudes…
Au carnaval des différences Que tu sois hétéro ou trans’ Mon vieux Corneille c’est la France Qui donn’ le la et la cadence
La capital’ c’est pittoresque Sono mondial’ rythmes mauresques Et quand les quartiers font la teuf Les franchouillards parient au turf Sous le fard des Pierrots gourmands Et des Coluche en chocolat Laissez donc libres nos enfants Entre Bell’ville et Les Lilas
Au carnaval des différences Les enfants du paradis dansent Mon vieux Corneille c’est Byzance Et honni soit qui mal y pense !
Quand je regard’ passer les ram’ bondées À la station Denfert Je rêv’ du Transcanadien qui m’emmèn’ jusqu’à Vancouver
Foncent les jours qui se font suite chacun Dans son compartiment Dans le couloir, le temps passe… inexorablement
Ne tirez pas Le signal d’alarme (Oh) S.V.P. Laissez-moi en paix
Quand je regard’ passer les trams bondés Des rues de Varsovie Je rêv’ de l’Orient-Express qui m’emmène jusqu’en Turquie
Parfois la nuit je ressuscite dans le bruit Obsédant Des vitres de ce train qui claque en battant la mesure du temps…
Ne tirez pas Le signal d’alarme (Oh) S.V.P. Laissez-moi en paix
Quand je regard’ passer les trams bondés Qui traversent Moscou Je rêv’ du Transsibérien qui m’emmèn’ jusqu’au Xanadou
En attendant de monter dans le bon wagon J’broie du noir Dans les gares ouvertes à tous les vents, j’balanc’ mon blues au gueuloir …
Ne tirez pas Le signal d’alarme (Oh) S.V.P. Laissez-moi en paix
Quand je regard’ passer les ram’ bondées Qui traversent Paris Je rêve d’un train qui m’emmèn’rait au moins jusqu’à Calgary*
Ne tirez pas Le signal d’alarme Ne tirez pas et laissez-moi en paix… Enfin.
* Calgary doit être prononcé : « CAULGAYRY »
En l’an de mon âge soixante à vous tous à qui tant je dois Au lieu d’écumer les brocantes Puisque ce monde me bat froid Avant qu’on me mette au rebut Sang sueur et larmes et peines au cœur Toutes hontes et rancunes bues J’aurais encore un peu d’honneur Pour renier mon allégeance Au pays des lamentations Aux religions qui crient vengeance Aux patries des compétitions Face au vent solennellement Je me ferai le doux serment De me plonger tête au ruisseau De quitter mes vieux oripeaux De les brûler à d’autres essences De résilience en délivrance Des idéaux tout feu tout flamme Claquant au vent comme oriflamme De tout cela je ferai le tri Je dois transmettre aux jeunes pousses Ce qu’a pu m’apporter Paris Dans les clairières et sur les mousses Renaître enfin à la vraie vie.
Il m'arrive parfois de penser à ma zone Là quand la nuit en toi chevauche en amazone, La lune... Ca se passe souvent, voilà qui est étrange, Près de Ménilmontant quand l'asphalte mélange La brume ... Avec le blues...
De beaux jardins d'enfants Des pelouses protégées Ont pris la place À présent Des édens saccagés
Il m'arrive parfois de penser à ma zone Là quand la nuit en toi chevauche en amazone, La lune... Ca se passe souvent voilà qui est étrange Près de Ménilmontant quand l'asphalte mélange La brume ... Avec le blues...
Cabanes, chass' au trésor, Des nanas, des loulous, On ressort Le décor, Pacotille à deux sous...
Il m'arrive parfois de penser à ma zone Là quand la nuit en toi chevauche en amazone, La lune... Ca se passe souvent voilà qui est étrange Près de Ménilmontant quand l'asphalte mélange La brume ... Avec le blues...
Lilas, venelles, les p’tites bicoques, Des amours enfantines Et les oeufs à la coque
Ciboulettes et tartines Il m'arrive parfois de penser à ma zone Quand la nuit en toi chevauche en amazone...La lune... Ca se passe souvent, voilà qui est étrange, Prés de Ménilmontant quand l'asphalte mélange...la brume...
Qu'elle était verte ma campagne, ma campagne à Paris Qu'elle était verte ma campagne ma campagne à Paris Avec le blues... Avec le blues... (ad lib)
Avant c’était la zone Mais on n’avait pas peur L’été l’herbe était jaune Y’avait même des fleurs Et quand venait le soir On montait nos cabanes Au son de la guitare Tout près des caravanes
Moi je rêvais de Blek Le Roc le blond trappeur Et je f’sais la collec Des Miki le Ranger Je mâchais du chewing-gum Les jeudis au Louxor De western en péplum En scope technicolor
REFRAIN L’était une fois dans l’est Un vaste terrain vague Plus grand que le Far-West L’était un’ fois dans l’est
Dans ma cabane en planches Avec ma winchester J’attendais les comanches Mais c’est un bulldozer Qui un matin d’avril Sans même crier gare A tué Buffalo Bill Et pris mon territoire
C’est fini les fortifs Et y’a plus de zoniers C’est le temps du périph’ Ce temps qu’il faut gagner Avant c’était la zone Maint’nant c’est l’échangeur Records des pics d’ozone C’est pas bon pour le cœur
REFRAIN L’était un’ fois dans l’est Un vaste terrain vague Plus grand que le Far-West L’était une fois dans l’est |