Textes : Michel DRÉANO
SLAMS |
Chacun pour soi et Dieu pour tous
Sur le sable blanc Près d'Arromanches face à la mer Là sur la plage d'Omaha Beach Pour chasser mon humeur amère J'ai salué les blancs fantômes Des soldats noirs morts pour la France
Puis j'ai rêvé sous le parasol De roses de sable aux belles formes Inconnues en pays de France... Plus tard dans la ville de Bayeux Un monsieur d'un ton très sérieux M'annonçait là qu'à Manhattan Deux tours jumelles étaient en flamme... Onze septembre, nine eleven, two thousand one... Ecran de fumée Nos regards d'enfants sidérés Des corps qui tombent et qui s'écrasent En boucle les images repassent Jusqu'à plus soif, jusqu'à plus soif...
Et l'on me deman- De choisir mon camp… Mais quand le vaisseau prend l’eau (ici le feu) Les rats quittent le navire Et les boucs émissaires Écopent à Guantanamo À Bagdad ou à Gaza Moi je ne vois que des pauvres hères Et des mendiants sans domicile Qui tombent à l'eau, qui tombent à l'eau À la tombola des salauds
Et l'on me deman- De choisir mon camp… Mais qui sont les princes qui nous gouvernent Quand tous les drapeaux sont en berne ? Que les cerveaux sont à la casse Et les vieilles télés à la masse En boucle les images repassent, en boucle les images repassent… Et bienvenue dans le désert du réel ! Où je refuse de choisir entre le billet vert protestant « In God we trust » et le pétrodollar mahométan. D’autant que Bush senior, en son temps, a financé les talibans…
Chacun pour soi et Dieu pour tous Qu'on croit ou non au dieu du Pape ou à celui d’autres religions. Vous qui croyez et pratiquez, je vous laisse prier pour nous. Surtout pour moi qui ne suis ni un roi du pétrole ni un pigeon de métropole. Juste un Poisson agnostique. Qui déambule dans une ville sous le vent, privée d’illuminations pour cause de deuil mondial
Soudainement j’ai envie de voir la mer alors je plonge dans la voie lactée Et je me surprends à chanter : Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Et leurs baisers au loin les suivent comme des soleils révolus…
Chez moi plus rien ne marche depuis quelques longs mois Mais j’vis en centre-ville et je bouffe au Chinois J’ai niqué mon freezer, je l’avais pas fermé, Tout a dégouliné jusque dans l’escalier J’ai changé les programmes d’la machine à laver Et mes slips en pilou se sont effilochés Et puis dans l’micro-ondes j’ai mis le baladeur Pour que sa bakélite me porte bonheur Puis dans le poêle Godin j’ai mis le coquemar Pour que son duralumin me fasse un César...
Au train-train quotidien j’suis vraiment dépassé
Tu m’as souvent r’proché d’être un “loser has-been” Mais qu’est-ce que je peux faire contre ton look trop clean Et les tailleurs Chanel de ta vie bien rangée ? Bref la “carrière-woman” que tu t’es fabriquée T’as éloigné de moi- ta promotion bravo !- Mais tes dîners de con avec tes sup’ de co’ J’en ai soupé, basta, je préfère les pizzas Mais aujourd’hui encore, je n’ai pensé qu’à toi...
Au train-train quotidien j’suis vraiment dépassé Je n’ai plus d’goût à rien depuis qu’tu m’a zappé
J’ai app’lé les copains, “Tiens qu’est-ce que tu deviens ? J’pensais à toi hier -pas osé t’appeler, ben..., Tu sais bien ce que c’est, les gosses, tu connais hein...” “- A propos et ta femme, elle a repris le ch’val ? ” “- Et toi t’es toujours cadre à la Continental ? ” J’ai dit “ Je sais mêm’ plus, j’y vais les yeux fermés, La bagnole au radar jusqu’au placard doré Que l’on m’a refilé, avant de m’licencier...
Au train-train quotidien j’suis vraiment dépassé
Ma vie part en lambeaux comme une peau de chagrin De quoi avoir le spleen, variante blues qui craint Escagassé vraiment je lance un S.O.S. Vu que c’est la galère bientôt à l’A.S.S. Pas besoin d’un mentor pour me remue-méninge Aujourd’hui même un boulot d’homme de ménage Ca se trouve pas comme ça sous le sabot d’un c’hval De Troie des Dardanelles ou dans la capitale
Au train-train quotidien j’suis vraiment dépassé Je n’ai plus d’goût à rien depuis qu’tu m’as largué;
À Paris au pletzl en bretzels je me ruine A Londres, à Whitechapel, j’imite Charlie Chaplin En schlémil je m’entraîne dans les rues de Brooklyn Pour que Woody Allen me prenne dans ses films
Je suis le schlimazl, le bouboule, le pataud, Du plus riche sthtel au plus pauvre ghetto Dans les rues on rigole quand je m’prends un rateau Mai j’suis pas l’seul à fair’ rire Margot…
Öy, öy, öy vay iz mir öy !.Vay iz mir. Öy, öy, öy, vay iz mir
Ma grand mère de Russie prépare le chou farci Quand l’autre de Pologne m’asperge d’eau d’Cologne Moi le nul en cuisine leurs petits plats me minent Bref, le jour du sabbat je n’mange que des abats
J’entretiens ma carcasse, régime gym, falafel Je repouss’ la menac’ du halva, du strudel Pourtant je ne résiste plus quand on m’appelle Pour le gëfilte fish au poivre et sel
Öy, öy, öy vay iz mir öy. ! Vay iz mir. Öy, öy, öy, vay iz mir
Je crois bien que la Lune rien que pour me chercher S’unirait à Saturne pour me fair’ trébucher C’est vrai je suis « tzidraît », David hurluberlu Mais contre dix Goliath je n’m’avoue pas vaincu
Pour nous les maladroits, manchots mais pas crétins Vivant la diaspora de ce monde incertain Je voulais témoigner de ma rage d’aimer Mêm’ si j’suis né sous l’étoil’ des distraits
Öy, öy, öy vay iz mir öy !.Vay iz mir. Öy, öy, öy, vay iz mir
À Paris au pletzl en bretzels je me ruine A Londres, à Whitechapel, j’imite Charlie Chaplin En schlemil je m’entraîne dans les rues de Brooklyn Pour que Woody Allen me case dans ses films
Je suis le schlimazl, le bouboule, le pataud, Du plus riche sthtel au plus pauvre ghetto Dans les rues on rigole quand je m’prends un rateau Mai j’suis pas l’seul à fair’ rire Margot…
Öy, öy, öy vay iz mir öy !.Vay iz mir. Öy, öy, öy, vay iz mir
Tomb Raider m’a piqué au survitaminé Mes circuits sont niqués, je suis contaminé Me voilà « chocolat » et mon compte est bloqué Faut qu’j’y mette le holà mais c’est dur d’arrêter !
Je dépens’ tout mon fric en consol’ Play Station C’est pas très dynamiqu’ mais le monde m’assomme Je préfère mon joystick et mes jeux vidéo Aux joutes politiques, je n’ai plus d’idéaux
J’suis cyberdépendant, mon toubib est formel Porteur sain d’un virus qui peut-être mortel Rivé à mon écran, je n’ai qu’une idée fixe Abolir l’espace-temps comme l’élu Matrix
Je suis complèt’ment ouf’ à côté d’mes baskets Gambergeant sous la touffe à cause d’une scarlette Qui m’chauff’ la libido comme un’ Barbarella Pixellisée Bimbo, nana-mec plus ultra
Tiens voilà Lara Croft bande-annonce le clip Mais l’écran a bogué avant la fin du strip J’ai cru mon disque dur plombé par un virus Et tout a débondé dans l’hypothalamus
J’suis quoi dans Pokémon ? Dans l’bazar, dans l’trafic ? Mystère et boul’ de gomme, J’en perds mon sens pratique
Sans pitié ça bastonn’, ça gicle et ça s’étripe Ca râle et ça cartonn’ et voilà que je flippe Quand les super héros se font brut’ sanguinaires S’abreuvant du plasma des écrans planétaires
Je suis bien trop souvent à côté d’mes socquettes À me prendre la tête sur des giga-octets Demain c’est décidé j’revends ma Nintendo Ras-le-bol des consoles, je reprends le judo
Eh ! J’suis quoi dans Pokémon ? Dans l’bazar, dans l’trafic Mystère et boul’ de gomme, Pikachu piqu’ mon fric…
J’suis quoi dans Pokémon ? Un clown ou un clone ?
Miam-Miam Slam (Hum ! ça sent bon la bouffe, Aladin !)
D’abord les araignées de mer et les bulots Mieux vaut bien les saisir et dans la meilleure eau Farcir les aubergines, hacher les champignons Peler bien les tomates, écraser les oignons Pour le potimarron : le safran, la sarriette Pour la purée carotte : le piment d’Espelette Faites mousser les blancs avec du chocolat Et pour aphrodisiaque une noix de cola…
Hum ! ça sent bon !
Préparez vos papilles pour la poule faisane Cell’ qui conserve encor’ la saveur paysanne Pluviers, pigeons, perdrix, pintades et hallebrans Gélinottes, bécasses, outardes et ortolans Ca devient un cass’-têt’ de choisir la volaille Mais ça rapproch’ du ciel et masque l’odeur d’ail Qu’empestait le bon Roi qui maria Margot Et qui troussait les cailles le jour des poules au pot…
Hum ! ça sent bon !, Hum ! ça sent bon !
Bouff’, bouff’, bouff’, Aladin Fous-toi z-en plein la lampe, Hein ! Touill’, touill’, touill’, mon coquin ! Et t’auras trois étoiles. Au Mich’lin !
Ni Bordeaux, ni Bourgogne, sinon on se fourvoie Je propose, quant à moi, le vin jaune d’Arbois Et chantent les gourmets, les gourmands plantureux ! Rôtisseurs ou sauciers, les plus grands maîtres queux « Français » ! sont les sorciers de l’art de rendre heureux Nos estomacs grincheux, nos palais sourcilleux Nos Chefs sont les docteurs des cervelles et des queues De cochons omnivores que nous sommes tous un peu…
Bouff’, bouff’, bouff’, Aladin Fous-toi z-en plein la lampe, Hein ! Touill’, touill’, touill’, mon coquin ! Et t’auras trois étoiles. Au Mich’lin !
Humm !, ça sent bon. Hum ! ça sent bon ! Nos Chefs sont des maboules de la science de goule Nos Chefs sont les sachems de nos plaisirs suprêmes.
Ali Râleur (slam du gâs de schnorr)
Salut Ali râleur pour tes quarant’ balais Allez j’te paye un verre de Champagne au troquet Pourquoi t’es mal luné ? T’as pas assez d’monnaie ? Tu t’es mis le compteur mais tu n’es pas trop laid C’est pas l’Enfer du Nord ta courée à Roubaix Aucun môm’ n’y est mort fauché par un poulet Y’a plus un seul toubab et le toubib est feuje Et tout cela vaut bien l’clair de lune à Maubeuge
Chop’ le slam du gâs de Schnorr Ni bobo, ni baba, ni kakou ni cador
Pourquoi tu fais la gueule ? Dis pourquoi tu te butes ? Oui ta génération, la deuxième, on l’insulte Mais ton verbe est puissant et le mouv’ment aussi Quand tu montes sur la scène avec tout ton possee Et là tu fais l’amour avec la langue française Tu lui caresses la peau, tu jett’ ses charentaises Tu lui fais rendre gorge, lui hérisse le poil La limant longuement, polissant son cristal…
Station Wazemmes Maison Folie, Tout Lille l’aime le slam d’Ali Il a du cœur, il a des tripes Il a pas peur qu’on participe
Mon pote Ali il est du Nord Ali le chti, il est de Schnorr Du P’tit Quinquin c’est l’orateur Et c’est quelqu’un Ali Râleur…
Il sait bien qu’il réussira À Lille ou Essaouira À monter sa p’tite entreprise
Import-export de friandises Dans sa petite épicerie Il ouvre au slam sa poésie…
Ne touchez pas l’épaule du cavalier qui passe, il se retournerait et… Ce serait la nuit
Une nuit sans étoiles, sans
courbes ni nuages Ne touchez pas l’épaule du cavalier qui passe, il se retournerait et… Disparues les cavernes et les grottes souterraines Des habitants de notre chère terre d’Alaska à Lascaux Du teepee à l’igloo brûle l’étincelle, arbre et feu de la vie
Ne touchez pas l’épaule du cavalier qui passe, il se retournerait et… Engloutie New-York City comme le fut l’Atlantide et la ville d’Ys Les laveurs de carreaux au sommet des gratte-ciels chantent l’air des Cheyennes Et les sirènes pleurent la mort des baleines
Etrange message des âges, présage du vol du sphinx dans le grand bocal d’étoiles du cosmos
*Ne touchez pas l’épaule du cavalier qui passe, il se retournerait et… Ce serait la nuit
Une nuit sans étoiles, sans
courbes ni nuages Il vous faudrait attendre qu’un second cavalier aussi puissant que l’autre consentît à passer…
Ne touchez pas les pôles…
(* en italique l’extrait du poème original de Jules Supervielle)
Texte : Michel Dréano / Musique : Marc Havet
Qui ? Frott’ son silex aux mill’ menhirs de Manhattan Quand les poètes de la Grosse Pomme font leur ramdam ?
Qui ? Inspiré par le chant profond des Algonquins Et la fumée du calumet amérindien ?
Qui ? Aux équinoxes et aux éclipses, flocons de neige, Va fair’ tanguer sur son clavier, tout un manège ?
C’est Thelonious, c’est Thelonious Le moine fou Au chapeau mou Qui rôde autour de minuit
Qui ? Va chaloupant dans les lumières de Tribeca En psalmodiant sa mélodie a cappella ?
Qui ? Inspiré par les plaintes rauques des Iroquois Dans les clairières du quaternaire des séquoias ?
Qui ? Creuse son sillon de plaisir dans le saphir Du rayon vert des cordes d’acier du désir ?
C’est Thelonious, c’est Thelonious Le moine fou Au chapeau mou Qui rôde autour de minuit
Qui ? Creuse son sillon de plaisir dans le saphir Du rayon vert des cordes d’acier du désir ?
C’est Thelonious, c’est Thelonious…
Michel Dréano / Slimane Chabouni
Souvent je pense à l’oasis Où un musulman solitaire et aveugle M’avait accueilli comme un fils Moi l'infidèle, le libertaire En me disant comme ça :
« Eh ! Roumi ! Sois le bienvenu ! Même si tu mordis dans la pomme de la gazelle défendue Viens avec moi dans ma guitoune Et lis-moi l’Histoire d’Hérodote Qui vit Babylone et l’Afrique Sache que je fuis le fanatique Et l’anathème de l’hystérique Qui n’a que la haine pour viatique Quant à ces loups de la finance Et leurs obligations pourries Qu’ils crèvent de leur arrogance Et qu’ils s’étouffent dans leur mépris ! Jamais ils ne connaîtront la paix du désert Quand la nuit dessine l’ombre de l’Aïr sur la dune, Que des silhouettes jouent du tindé Et que les palmiers s’étirent vers la lune …
Eh ! Roumi ! Sois le bienvenu ! Même si tu mordis dans la chair du « jalouf » qui m’est défendu. Viens avec moi dans ma guitoune Et je te raconterai l’histoire du chamelier.»
Bling Bling Maffioso (Mamma mia !)
Enfoncé Al Capone, battu le Corléone Aujourd’hui les mafieux mâchent un autre chewing gum Que celui d’Hollywood du ciné de papa Dès leur plus tendre enfance ils ont franchi le pas Gavés de gangstarap, ils ne pensent qu’à l’argent En 4 x 4 clinquant, encore adolescents, Ils attirent les filles qu’ils violent en les droguant Les jettent sur le trottoir et leur sucent le sang
Mamma Mia !
Vulgaires et arrogants, incultes et l’air vainqueur Ils sortent nuit et jour avec leurs rabatteurs Bling-bling, sans foi ni loi, ils n’ont pas peur du Styx Ils nagent en eaux troubles dans des pays sans fisc
Mamma Mia !
Au fond de leurs piscines ils frayent avec des squales Dont la combinaison est un gilet pare-balles Ils siphonnent en liquide et pompent le pécule Des petits épargnants et sans aucun scrupule Qu’ils soient Nippons, Chinois, Moldaves ou Gagaouzes Ritals, Américains, ils ont horreur des rouges Et vraiment, plus rapace qu’eux tu meurs vivant Si tu touches au grisbi qu’ils planquent aux Caïmans
Mamma Mia !
Dans la marée des chiffres et le yoyo des Bourses Vous allez l’regretter ce bon vieux cinéma De papa où Scarface en Tony Montana Et Brando en Parrain c’était du Bisounours
Mamma Mia !
L’autre jour j’étais invité à une fête de la chaîne cryptée nationale. J’avais laissé traîner un magnéto dans ma poche. Et en rentrant chez moi, j’ai noté ceci : « Je suis overbookée et mon corporate partner est trop speed. J’avais mis les warnings pour lui faire comprendre qu’il était un peu naze avec son look super straight. Il n’a rien capté le con ! Et je crois qu’il m’a trouvé un peu trop space. Alors, j’te dis pas : si Canal est encore « the place to be » lui c’est loin d’être le « right man in the right place ». Bref, à la fin de la rave, j’ai fini par flasher sur un trader qui a monté un business fashion. Je suis sur son listing car il me trouve plutôt cool. A priori c’est un full time job et j’ai un bon feedback de son dircom… Restons cool et « never expect too much ». Car il n’y a rien qui se démode plus que la mode. Et ce qui est « up-to-date » à un instant T devient très vite dépassé au blind test des teenagers. Et là c’est K.O. par uppercut. Tu me diras « O.K., oldies but goodies » mais, quand même, faut faire gaffe à pas finir vintage ! Sinon c’est le burn out assuré et le lifting qui craque… Sinon, c’est sûr que, pour nous autres, du service marketing, l’access prime-time aux stars du stand up c’est mieux qu’un gala « checkpoint » groovy, avec M.C. et deejay hip hop, dans le dernier dance-hall tendance. Mais, à y réfléchir, on aurait tous intérêt, nous les cadres performants, à s’offrir un brainstorming et un relooking d’enfer. Sinon, pas besoin d’un benchmarking pour anticiper le turnover des has been à la louse et des webmasters borderline qui passent leur temps à coocooner ou à faire du shopping sur E-Bay. J’ai checké un pote qui vient d’avoir une promo au service management et il m’a confirmé que, plutôt que de faire du lobbying pour le jackpot d’un training ou d’un coaching en congé de formation, l’idéal serait de se construire un storytelling punchy, avec un packaging de la mort, de façon à créer un buzz (de derrière les fagots) pour une success-story à faire baver les losers… T’y coupe pas en fait, il faut être clean et formaté winner. Sinon tu te crashes et t’es bon pour le breakdown. Ou alors pour le speed dating avec ton manager en week-end. Et moi je suis pas trop open pour ce plan B. En plus, je me suis connectée sur sa page Facebook et je me suis aperçue qu’il organisait des plans culs avec des hackers en passe de faire leur coming out avec des drag-queens ! Bref la cata, je te dis pas le trip. Tu parles d’un truc de ouf ! J’préfère encore me farcir un concert unplugged de Frédéric François, au backstage avec des roadies bourrés à la Corona qui se font des rails de coke en « live » devant toi ! En fait, si je gère encore pas trop mal mon stress, je veux pas finir blacklistée, bonne pour le stand-by en open space. Ou à l’arrache comme hôtesse d’accueil à galérer en jogging sportswear pour que les people fassent une fixette sur ton brushing flashy et un zoom sur tes miches. Tandis que la pétasse cheap du service photocopie se la joue « R n B * » et sex-toy avec le boss ! À propos, ton interview sur les vrais-faux starting-blocks des sprinters dopés, t’as réussi à le dealer en deadline ? Aux dernières nouvelles, les mecs du desk faisaient le forcing pour que ça clashe avec le frontman. D’ailleurs, en off, je peux te donner le scoop : ils considèrent que ton truc c’est du features et pas du news… Mais tu t’en tapes et t’as raison sur le fond. Il faut juste faire un fucking …Euh… un focus pour le fun. Allez, je te laisse deux minutes : il faut que j’aille mettre des pièces dans l’horodateur du parking. Ils sont restés super roots dans ce quartier de V.I.P. À propos, j’te fais un package de dinner TV pour ce soir ? Est-ce que ça te dirait de faire un break dans mon living cosy et qu’on se tape un truc bien gore sur Channel Four ? Tu sais, un vieux western de série Z, genre Sartanas si ton bras gauche te gêne coupe-le ! Et après, seulement après, t’auras enfin le final cut sur ma li…pô. C’est quand même plus soft que de chatter sur Meetic, non ? » No comments. * prononcer « Ar/ ène/ Bi » avec l’accent anglais.
Je m’en vais mon chemin dans le décor tragique Dont les habitants souffrent du mal cathodique Je voudrais m’arrêter mais je n’ai pas le temps Une cadence infernale se cal’ sur mes tympans Mon implant cocléaire m’envoie des vibrations
Sous l’oreillette droite qui
donne ma position Lequel m’a envoyé sur la ligne de front Je suis un reporter correspondant de guerre Payé par une chaîne qui copie CNN Mon training efficace m’a très tôt affranchi Des tabous de l’espèce dont je suis le produit Pourtant je suis encore capable d’émotions
Juste ce qu’il faut pour conduire ma
mission : Et le livrer vivant à tous les téléphages
C’est la guerre des images, nouvelles du nouvel âge
Les gazett’ du bizness ont craché le
pactole Quand les “abdosmadaires” ont parié sur les branchés Le quatrièm’ pouvoir se courb’ en révérence Et les patrons de presse cir’ les pompes aux finances Le spectacle est partout, il est mêm’ dans le vent La marchandise règne sur l’espace et le temps Je détourne les yeux des flashs publicitaires Les images se consument aussi vit’ qu’un éclair Les réseaux me bombardent de nouvelles en cadence Et les infos m’assomment de clichés de violence Alors l’envie me vient de courir sur les plages Le long de l’océan pour prendre l’air du large Je suis las de ce cirque où les oiseaux de feu Battent de l’aile dans leurs cages alors que le ciel est bleu...
C’est la guerre des images, nouvelles du nouvel âge.
Le Djeli
Malinké, toubou, bambara, soninké, dogon, dioula, baoulé, mossi, haoussa, banyamulengé, yoruba
Je suis griot, je suis Djeli Conteur musicien au Mali Mon cousin à plaisanteries M'avait tant parlé de son Paris Que j'ai pris la route Inch Allah J' étais si jeune en ce temps là...
Dans ma valise y'a mon n'goni Dix noix de cola et deux cauris Dans mon esprit il y a inscrit Ce que je vais faire à Paris D'abord gagner l'argent du puits Quitte à travailler même la nuit...
Malinké, toubou, bambara, soninké, dogon, dioula, baoulé, mossi, haoussa, banyamulengé, yoruba
J'ai balayé les quais des gares J'ai nettoyé de longs couloirs Il m'est arrivé de pleurer Dans le petit matin violet Je me suis senti transparent Un grand enfant aux yeux des blancs...
Je suis griot, je suis Djeli Alors j'ai repris mon n'goni Chanté pour le vieux Kéita Vingt-cinq ans de Sonacotra Il m'a dit qu'il s'est habitué Mais je ne l'ai cru qu'à moitié...
Malinké, toubou, bambara, soninké, dogon, dioula, baoulé, mossi, haoussa, banyamulengé, yoruba
Un beau matin je me suis dit : "Il faut que je rentre au pays Car aux lumières de Paris Je préfère le ciel du Mali" J'ai réuni tous les amis Et j'ai chanté cette mélodie... Malinké, toubou, bambara, soninké, dogon, dioula, baoulé, mossi, haoussa, banyamulengé, yoruba Malinké, toubou, bambara, soninké, dogon, dioula, baoulé, mossi, haoussa, banyamulengé, yoruba.
Je m’trimball’ le long des rails Et v’là soudain que j’décolle La cervelle qui défouraille Des pensées qui fusent et volent À rendre fou
Y parait qu’je suis né là Dans cett’ gar’ désaffectée Dans l’ plus strict anonymat Et c’est là qu’on m’a trouvé Hurlant au loup
L’hiver, j’installe une tente Où ma mère perdit les eaux Et je colmat’ la charpente Du vestiaire des cheminots Dans la gadoue
Dans ma turn’ c’est vrai qu’ça caille Mais faut pas que je picole Y faut pas que je déraille Non j’veux pas finir en taule À Châteauroux
Allongé sur le ballast Quand j’ regard’ le train passer Je m’ dis qu’un jour enfin bast’ Ah ! J’ pourrais bien m’transformer En loup-garou.
En l’an de grâce 14-92, croyant toucher les Indes, Les fiers conquistadors accostent sur une île magnifique Des indigènes nus viennent à leur rencontre….
Ils offrirent aux marins leurs plus belles parures Paradant dans des plumes brillant de mille éclats Christophe Colomb nomma cette île Hispaniola Puis à Valladolid d’onctueux ecclésiastiques Se demandèrent si ces créatures bibliques Méritaient le baptême catholique et romain L’évangélisation et la messe en latin… Ayti te souviens-tu ? BIS Troquant sa verroterie contre l’or des Indiens L’homme blanc imposa bientôt sa loi d’airain Et Anacaona, la reine du Xanagua Prêtresse des Taïnos fut brûlée sur la croix… Ayti te souviens-tu ? BIS Caraïbes, Arawaks, présumés cannibales, On résolut bientôt de les truffer de balles Et puis de les laisser mourir contaminés Ainsi cent mille Indiens furent exterminés… Ayti te souviens-tu ? BIS ENTREE des RECITANTS : R1 : … Le jour où il fallut satisfaire les marchands Des Noirs furent capturés sur tout un continent Ils marchèrent jusqu’aux plages du Golfe de Guinée Pour leur concentration dans l’île de Gorée… Ayti te souviens-tu ? R2 : … Enchaînés dans des cales et fouettés jusqu’au sang Vomissant leurs entrailles, l’angoisse les tenaillant Les captifs appelaient les esprits de la brousse Et sur le pont, la peur montait à la Grande Ourse… Ayti te souviens-tu ? Bay kou blyé poté mak sonjé ! Bay kou blyé poté mak sonjé ! * R3 : …Enfin 1804 : les esclaves se libèrent Première république noire et fièvre sanguinaire Ils acclament Dessalines et Toussaint Louverture Qui leur offrent la joie et l’espoir au futur… Ayti te souviens-tu ? Pitipiti zwaso fe nich. Pitipiti zwaso fe nich. ** R4 : … Mais l’oppression s’accroche à la glèbe des terres De seigneurs affranchis, noirs mais propriétaires Qui, comme des colons, vont exploiter leurs frères Et c’est le joug de canne, un sucre trop amer… Ayti te souviens-tu ? REPRISE DU CHANT : …En coupe-coupe déchouquant, boutant tontons macoutes Titid’ arrive enfin mais se trompe de route Le vaudou quimboiseur s’accroche à des Chimères Depuis qu’un sort maudit a soulevé la terre … Abattu le pays, au bord de l’agonie. Mais Phénix Ayti, veut renaître à la vie… Ayti no pa foutu ! BIS Yon sel doit’ pas manjé gombo tet’ ensemb’ narivé (BIS)***. TRAD * le couteau oublie la blessure seule se souvient/ _** petit à petit l’oiseau fait son nid./ *** il faut plus d’un doigt pour manger le poulet
J’en avais marr’ de cett’ vieill’ France Je rêvais de voir l’Amérique Et depuis ma plus tendre Enfance Je jouais d’la guitare acoustique Oui j’en pinçais pour New Orlean’ (s) Pour les bluesmen blancs de Nashville Quelques trav’llers, deux paires de jean’ (s) À 20 ans la route c’est facile…
…Me voilà sur la sixty-one À longer le Mississipi Le sac à dos et la banane Bref du routard la panoplie Dans les wagons de marchandise Comme un passager clandestin La peur a mouillé ma chemise Et j’ai eu froid et j’ai eu faim…
J’suis qu’un cow boy de série B sorti d’un western cassoulet J’suis qu’un cow boy de série B sorti d’un western cassoulet From L.A. to Bagnolet
J’ai fait la manche dans les rues Du San Francisco chic et gay Avec’ un’ gratt’ un peu tordue En chantant du folk engagé J’ai fait la plonge à Santa Cruz Chez une fill’ de la jet-set J’ai pu enfin m’la couler douce Et j’ai fumé tout’ sa moquette…
…Non je n’ai pas pu m’habituer
Aux pizzas molles et aux chiens
chauds Aux chicken fries et aux fayots Quand j’ai eu les trois cents dollars
Pour le payer le Jumbo Jet Je m’suis j’té sur un’ andouillette
J’suis qu’un cow boy de série B sorti d’un western cassoulet J’suis qu’un cow boy de série B sorti d’un western cassoulet From L.A. to Bagnolet.
Je me faufile en ville entre ruelles et blocks Autour de moi ça crisse, tous les sons s’entrechoquent Des cyclistes pressés, un mouchoir sur la bouche Des passantes aguichantes qui me frôlent et me touchent Dans la foule Qui me saoule Dans les mégalopoles si les filles sont maigres C’est que la chair est triste et se vend à la pègre Moi je rêve d’aventures et je veux tourner les pages
De poèmes électriques sur la route
sans âge À Duluth
Minnesota Me voilà reparti, à courir le matin Vers un job incertain Au matin désolé Portillons assaillis Nez et bouches déformées Par les vitres haïes Et ces traces de l’autre Dans les rames bondées Dans la promiscuité Du corps des passagers Je me mets à rêver… …Je gravis le décor du bon pas des poètes Je prends de l’altitude comme le gypaète Je respire les pins et je bois au torrent Avec la tramontane, là je vais droit devant Je m’en vais vers les Hauts, vers les schistes et les grès En regardant les cimes des montagnes à l’adret Je touche le granit et sa peau de salpêtre Je hume enfin l’air pur sur l’ubac à la frette Putain ! J’ai encore raté ma station.
Rock Carambar (texte Michel Dréano et musique Didier Mattei)
Mon producteur me pousse à pondre une chanson Qui bastonn’, qui cartonn’, qui fasse du pognon Qui plaise aux ménagères de moins de 50 ans Et aux bébés bobos qui squattent leurs parents Je m’suis mis au boulot vu que j’avais pas l’choix C’était ça ou l’usine à vider les anchois Bernique l’inspiration, j’bloquais sur la page blanche Quand un p’tit polisson m’a tiré par la manche…
Donne moi des carambars ( ter) Et surtout n’oublie pas les malabars
Ca y est je le tenais le gimmick en béton Le tube définitif, le jackpot, le carton Le lendemain matin je fil’ chez l’producteur Bien décidé à faire valoir mes droits d’auteur Y’m’dit « T’as pas aut’ chos’ pour plaire aux maternelles ? J’te vois venir de loin avec tes grosses ficelles… » J’ui dit « T’as rien compris : on l’tient le saucisson Et si tu n’en veux pas j’le r’mets dans mon cal’çon »…
Donne moi des carambars ( ter) Et surtout n’oublie pas les malabars
J’ai fait tous les majors et les petits labels Balancé sur le Net des quantités de mels J’ai failli le fourguer à Coluche, à Carlos Mais au dernier moment ils l’ont trouvé craignos Moi j’y crois dur comm’ fer à c’refrain lamentable Et je le chante encor’ dans les troquets minables
Peut-êt’ qu’un jour enfin j’arriv’rai
à le vendre
Donne moi des carambars ( ter) Et surtout n’oublie pas les malabars
Le train du délire (Délire-Libido blues)
Sur le quai de ma conscience Monsieur Délire a pris le train Sur le quai de ma conscience Monsieur Délire a pris le train Et dans un nuage de fumée blanche, le convoi part vers son destin
Dans un compartiment fumeurs il s’est couché sur la banquette Dans un compartiment fumeurs il s’est couché sur la banquette La Miss Libido est en pleurs : il lui offre une cigarette...
Délire a peur d’un bide au lit mais veut se faire la Libido Beurk ! Son haleine sent l’aïoli, c’est débandant pour le dodo
Dans la fumée de la cibiche, Délire tire sur sa barbiche Dans la fumée de la cibiche, Délire tire sur sa barbiche Et puis soudain il se dit “chiche”, Lili Bido : “Ich Liebe Dich”
Y’a de l’entrain chez Libido à faire rougir dix Cupidons ` Y’a de l’entrain chez Libido à faire rougir dix Cupidons Délir’ râl’ comme un cachalot et ça réveille tout le wagon...
Délire a peur d’un bide au lit mais va se faire la Libido Comme un émir de Tripoli qui s’tape les Bluebelles du Lido
Dans la couchette du tortillard c’est une vision de cauchemar Dans la couchette du tortillard c’est une vision de cauchemar Ca s’embobine dans le noir, c’est pire que dans un lupanar
Ca crie, ça jouit, ça “rhah lov’ly”, ça s’entortill’ dans tous les sens Ca crie, ça jouit, ça “rhah lov’ly”, ça s’entortill’ dans tous les sens Mêm’ le contrôleur s’y est mis, s’abandonnant à la jouissance...
Délire a peur d’un bide au lit mais se farcit la Libido Il boit la coupe jusqu’à la lie, loin du curé et du bedeau
C’était une histoire de désir, de sexe, de sang, de libido Petite mort et grand plaisir: Kama Soutra et histoire d’O.
Gainsbourg De Profundis (texte Michel Dréano / musique Marc Havet)
Mon vieux Gainsbourg De Profundis Since you are gone, totale éclipse Là-haut l’Eden la cure gratis Ici bas coups bas et supplices Sea sex and sun et bénéfices
Au paradis où le temps glisse Fais-tu la fête avec Boris Le poète au bar du Styx Ou bien est-ce avec Miles Davis, Trompett’ bouchée dans la coulisse Du black trombone où ça dévisse
Visant le nombril comm’ Narcisse Dans le miroir des maléfices L’artiste maudit cherche l’esquisse D’un blues jewish couleur métis Sexy symbole heureux Ulysse D’un’ Pénélope Grisélidis
Ton légionnaire bel Adonis Cherche querelle au bar du Ritz Beau minois Raminagrobis Muscles huilés boulons et vis Rouge lipstick, mousse et caprices Fum’ ton havane par Toutatis
Ta tête de chou la vl’à qui gliss’ Sous l’échafaud de tout’ les fic’- Ell’ de l’art mineur des saucis- Sons des rengain’s à trois francs six Sous le show-biz et ses caprices Tu t’es couché dans tous ses vices
Mon vieux Gainsbourg De Profundis Since you are gone totale éclipse Hey vieill’ canaille salut l’artis- Ton art mineur on en r’veut bis. Prenez garde ou vous allez trinquer Oy oy oy oy oy oyez
Clic-clac (texte : Michel Dréano et Marie Dauphin/ musique Didier Mattei)
Pourquoi j’te tire plus Ton portrait de face? Trop de poses, trop de strass Je te prenais sous toutes tes coutures J’t’adorais en trente-six postures Dans le cuir, le vinyle, la fourrure Tu n’es plus bell’ sur mes photos L’objectif a bien vu.... ce qui n’existait déjà plus
Zoom back, bell’ black, clic-clac Top model tête à claques Je m’braque, j’dis stop, je craque J’prends mes cliques et mes claques
Pourquoi te r’toucher ? À quoi bon tricher ? Mêm’ de dos tu me glaces Si ton corps ne prend plus la lumière N’essaie pas de régim’ pour me plaire Ce n’est plus un’ question d’savoir-faire Tu n’es plus bell’ sur mes photos L’objectif a bien vu... ce qui n’existait déjà plus
Zoom back, bell’ black, clic-clac Top model tête à claques J’me braque, j’dis stop, je craque J’prends mes cliques et mes claques
Pourquoi j’te tire plus Ton portrait de face ? Tout pass’, tout cass’, tout lasse Mêm’ si t’es mannequin chez Chanel Toute nue sous le tulle et la dentelle Devant le Tout-Paris paparazzi Collections d’été pour l’Asie J’te donn’ mon Rolleiflex, mon talent n’est plus qu’un réflexe
Zoom back, bell’ black, clic-clac Il suffit d’appuyer Tu zoom’ avant, tu m’braques Tu cliques et j’prends mon pied
Zoom back, bell’ black ,clic-clac Top model tête claques Je m’braque, j’dis stop, je craque J’prends mes cliques et mes plaques. Flassssh....
Sunset au crépuscule Dans ta piaule capsule Au boulevard de l’air plane En novas de platanes La fauvette du jour M’a fait vingt fois l’amour Près des gares échangés En regards étrangers Des retours de folie Dans les rues de la vie Doux fennec des déserts Des planètes camembert Le feu des fées des fjords Me brûle et raccorde Ma folie Rigoles qui rissolent Ruissellent sur ma fiole Qui décolle et qui vole La mécanique molle Des histoires d’eau bénite Par la météorite On les crevait pourtant Les écrans de Paris Des poches sous les yeux Et le rimmel qui fuit Fallait pas croire pourtant Qu’on était des mutants On avait tout le temps De s’avouer nés perdants Dans la vie Au hasard de pleine lune Je t’ai vue toute brune Et c’est vrai je t’attends Je t’attends au tournant Jalousie des auvents Son sourire sans trêve Et c’est vrai et j’en crève Café cramé frappé Des revues de ciné Des regards langoureux Mon chéri à nous deux Des femmes pas compliquées Qu’on attend dans l’allée Des senteurs de l’été Amour et amitié À ma mie D’olvidados apaches Manouches et gitanas Maquillent la nymphe astrale En aurore boréale À minuit I’ve got the blues maudit Oui j’ai le jaja blues.
Ah ! que la chair est triste et trop cher le Viagra ! On est bien peu de chose à côté d’un tuba… Et tant qu’à vivre vieux Autant commencer jeune Puisqu’on n’est pas radieux Quand arrive l’automne D’ailleurs on naît fripé On gueule dans le noir Les bébés sont flippés Avant d’être vieillards Tout ce qui nous construit Peut nous anéantir La chance d’être instruit Peut un matin nous nuire Alors face au miroir La gueule qu’on mérite Et au fond du tiroir Les dessous hypocrites On plante nos décors Notre enfance ? On la tue À vivre sans remords Le vice et la vertu.
RIFF ROCK :
Quinze ans déjà j’étais rocker, j’arrêtais pas d’jouer au flipper Tout’ la journée j’fumais l’mégot ; autour du cou chaînes de vélo Et puis vint le temps du grand flip alors moi j’ai changé de trip Et je devins un vrai junkie, je m’piquais d’idéologie
Vingt ans déjà j’étais baba, jouisseur, fumeur, buveur d’jaja J’lisais le Droit à la paresse tout le jour assis sur mes fesses Et puis vint le temps du reggae, mon idole c’était Bob Marley Je carburais à la ganja, je cherchais un guru rasta…
BREAK SLAM :
« À vingt-cinq berges je m’attiff’ d’épingles à nourrice dans le pif Futal en skaï et Dock Martens, je file à Londres gagner des pences De retour à Paris ( ris pas ! ), je squatte rue de la Moskova Entre faux punks et vrais glandeurs, j’en ai vu de tout’ les couleurs…
Trente ans déjà un nouveau look, la coupe en brosse, le petit bouc, Je boss’ le jour chez Rank Xerox mais la nuit je fréquente les tox Mister Hyde et Docteur Jekyll, le double jeu c’est pas facile L’attaché-case et la seringue y’a de quoi en devenir dingue
La quarantaine sportive, yuppie, mon idol’ c’est Bernard Tapie Je boursicote mon dernier Louis… Qu’ell’ crèv’ les idéologies ! J’ai dépassé l’stad’ du blanc bec, j’suis un cador, un super mec Depuis qu’je suis l’évolution, j’ai r’tourné ma veste en vison … »
À cinquant’ piges et des brouettes, je fais du roller en survêt’, La muscu pour plaire aux minettes, j’ai arrêté la cigarette Bientôt la quill’, bientôt la r’traite, je f’rai la fêt’ sur Internet Avec mes rentes et mes actions que je gère avec précaution… »
On m’appelle le caméléon parce que je suis l’évolution On m’appelle le caméléon, j’ai pas fait la révolution…
RETOUR DU RIFF ROCK :
…Et c’est pour cela que je suis marron Z’ont dévalué mes actions Z’ont pourri mes obligations Y m’ont mêm’ pris le pantalon Et je peux dir’ dorénavant : « Autant en emporte le vent… »
James Dean 1962 (Le James Dean de la Porte de Ménilmontant)
Terrain vague des boucs, des bohémiens Des manouches Pique-nique et cyclo-cross, allez dégage en touche Tir au but, plaies et bosses Bric-à-brac, la jungle D’un grand terrain d’aventures Des rôdeurs, carcasses, Des sommiers dans les ordures
Les fortifs, la zone, les collines Cimetière d’autos Territoire des gamins, panoplies de Zorro Rintintin, Pif le chien Femmes à barbe, catcheurs Le grand huit est en panne Pas peur du fantôme Diabolo Menthe et peau de banane
Loulou blouson doré, le James Dean de la bande Près des auto tampons aime Mademoiselle Age Tendre Montreuil au beurre noir, nougat et pain d’épice Tir à la carabine, cirque des Puces, le père, le fils…
La fermeture éclair de la belle mercière Porte Ménilmontant N’oublie pas les consignes aux Laiteries parisiennes Le Vérigoud, le Zan L’épicerie buvette À la Porte des Lilas Gévéor, piquette Kiravi qui ravage le foie
Il m’arrive parfois de penser à ma zone Là quand la nuit en toi chevauche en amazone La lune Ca se passe souvent voilà qui est étrange Près de Ménilmontant quand l’asphalte mélange La brume… Avec le blues Qu’elle était verte ma campagne Ma campagne à Paris Qu’elle était verte ma campagne Dans la rue des Prairies.
Djanka danse (la biguine du marin)
Au matin déjà chaud d’un pays tropical J’ai posé mon barda, mes valises et mes malles Dans la chambre d’hôtel, ventilateur en panne Je me suis assoupi, j’ai rêvé d’une femme C’était une mulâtresse en boubou à damier Qui faisait son marché avec un grand panier Comme un beau cygne noir chaloupant au soleil Je la voyais vêtue du plus simple appareil
Djanka dans’ la biguine du marin bien cadencée Djanka dans’ la biguine du marin, bien chaloupée
A l’entre chien et loup quand tombe le soleil J’ai mordu dans ses reins, j’ai savouré son miel M’agrippant à ses tresses, butinant ses oreilles J’étais le faux-bourdon de la reine des abeilles Elle me sonnait les cloches du plaisir carrousel Dans les draps blancs froissés de la chambre d’hôtel Après l’embrasement il y eut un long silence Et puis ce fut la rue, la foule, la fête, la danse Ell’ m’offrait des papayes en riant aux éclats Se moquant, la coquin’, de mes pas maladroits
Djanka dans’ la biguine du marin, bien cadencée Djanka dans’ la biguine du marin, bien chaloupée
.... Mais faut pas que j’abuse car le rhum tourne la tête Au gwo ka je transpire, au soukouss j’éclabousse Calypso je respire, au gros zouc je dis pouce Makossa quesséqu’ça ? Une rumba plus intime ? Non me répond Djanka ce n’est qu’une biguine...
Djanka dans’ la biguine du marin, bien cadencée Djanka dans’ la biguine du marin, collé-serré
Arthur se baladait, la tête en l’air Le cul sur son épaule et puis les bras croisés L’en avait vu de drôles mais l’était pas blasé ce gaucher contrarié Là dans la rue piétonne aux marchandes de quat’ saisons Il faisait de l’œil, Arthur Il était innocent mais dans le quartier Il rendait des services à la communauté
Un jour on ne l’a plus revu On disait bien parfois qu’il était interné Dans une maison blanche de la banlieue mouillée Mais personne n’aurait osé vérifié, non personne n’aurait osé vérifier Le quartier vivotait au rythme du pavé Au café du commerce les papys papotaient Mais personne ne parlait plus de lui, non personne ne parlait plus de lui Et puis il est revenu quelques années plus tard Il cirait ses chaussures, se lavait le visage Mais il n’embrassait plus les femmes de ménages Il fixait tout le jour une jeune mendiante aveugle et blonde à la crinière de lionne
Elle ne le voyait pas mais elle le
comprenait Alors il se mit à rugir et redevint lui-même Tendance « je vous aime » Et alors ? Et alors ? Et alors…
… Arthur se baladait, la tête en l’air Le cul sur son épaule et puis les bras croisés L’en avait vu de drôles mais l’était pas blasé ce gaucher contrarié Là dans la rue piétonne aux marchandes de quat’ saisons Il faisait de l’œil, Arthur Il était innocent Mais dans le quartier Il rendait des services à la communauté.
Sur les trottoirs de la rue d’Lappe Riton le mac pèse son pèze Bell’ petit’ gueule, genr’ petit’ frappe Qui fait marner ses portugai-ai-ses Petit’ gagneus’ à la Roquette Mimi Pinson cœur d’artichaut Maria Dimanche fait la quê-ê-te À la paroisse du sang chaud…
Va-t-en, va-t-en, fumier, salaud Crève à p’tit feu mon beau julot Comment veux-tu que je supporte Ton fric, tes pompes et ton cigar’ d’Aldo …
La rue change depuis bell’ lurette Ca fait un bail qu’y’a des bourgifs Les Auvergnats sont en retraite Et le tapin chang’ de tarif au kif
La salsa remplac’ le musette Combien de temps f’ront t-ils recè-è-tte Est-ce la fin des haricots ?
Va-t-en, va-t-en, fumier, salaud
Crève encore un coup si tu peux Le mac’qu’reau se fait promoteur véreux…
Sur les trottoirs de la rue d’Lappe Riton le mac joue l’affranchi Il faut innover dans la r’tape Dit-il au patron du gourbi surpris Y faut t’investir dans la trique Par la web cam interposée Suffit d’un réseau éroti-i-que Sur sit’ « ruedlappe » au code d’accès : Tango.
Valse d’hiver soupe populaire Pavé qui luit Jambon beurre resto du cœur La rue, la pluie Hommes et femmes, toutes les couleurs Des sans-logis De passage en Ile-de-France A Saint-Denis
Allez arrête tes salades
Les gens ne sont pas si malades Dans le bassin parisien Macadam, j’ai pas un radis m’sieurs dames Réverbère, je n’ai pas d’oseille mon drame Mais je connais des braves gens C’est des maraîchers Les derniers…
Dans un bar près du canal Du Nord je rêve J’pense aux jolies batelières Du port j’en crève J’vois Margot ses cheveux blonds Ses yeux gris vert Et j’oublie que je suis seul Les soirs d’hiver.
Bleu comme une bille qui roule dans la ruelle Bleu comme le sourire des enfants en juillet Bleu comme la peur de la première fois Bleu comme un bon blues du fond de la Louisiane Bleu comme le drap de la blouse ouvrière Bleu comme les yeux de ma mère en hiver Bleu
Bleu comme un chandail jeté sur tes épaules Bleu comme le cordon de Babette au festin Bleu comme la fleur d’une java populaire Bleu comme l’Italie dans le ciel de Toscane Bleu comme les rêves des femmes du désert rouge Bleu comme les veines des hommes des Iles d’Aran Bleu
Bleu comme les faïences des jardins de Grenade Bleu comme le cresson dans un vers de Rimbaud Bleu comme le velours dans les enluminures Bleu comme un cheval qui traverse une toile Bleu comme une éponge plongée dans le bleu Klein Bleu comme la planète quand elle en voit de toutes les couleurs
Et si la terre est bleue comme une orange amère Je t’aimerai mon coeur, je n’en fais pas mystère
Bruit rouge (écrit au Pavillon Baltard des Halles lors du concert de Red Noise en 1970)
Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien Mais aussi des myriades d’étoiles En guise des flots de voitures répétitives des plages de l’an 2084 Où les vautours promotorisent le béton armé Phénix des familles, béret basque et bâtard des cités dortoirs Alors puisqu’il te faut dormir came-toi donc de sommeil dans des plumards bizarroïdes
Sous de fines pluies d’étoiles et des
astéroïdes À goûter le sommeil dans les fumées d’encens Ô mon amour cul-de-sac souviens-toi de ces nuits passées sur l’autoroute Et de la pluie battante dans la marée des essuie-glaces Par les nuits de pleine lune Quand le Floyd se faisait fluide sous tes doigts gainés de violence Sur des engins de viandange en grappe de révolte Epis
Chevelures Fenaisons Bandaisons des jeunesses sans arrêt révolues Révolutive alluvion du temps qui gerce les sens et le froid Tête chercheuse de magnétiques castagnettes Bredouille de poissons d’infini Sous le regard hagard des fées de ma mémoire.
Je t’écris dans un café du port (Michel Dréano)
Nez à nez Est-ce que tu dors encore ? Bouche à bouche Nos lèvres rêvent d’huîtres Cœur à cœur Je t’écris dans un café du port Dos à dos Et la buée sur les vitres Face à face La pendule et le phare Vis à vis Le crachin une éponge Tête à tête Me revient le plaisir en mémoire Dos à dos Est-ce que tu dors encore ? Cœur à cœur
La pendule et le phare Nos lèvres rêvent d’huîtres Bouche à bouche Et la buée sur les vitres Dos à dos Cœur à cœur Face à face Bouche à bouche Me revient le plaisir en mémoire.
L’œillet de poète mélancolique
Avachi au salon, Lourd comme un éléphant, Un poète se vautrait dans sa mélancolie Et fixait du regard un hélicon En rêvant de savanes et de vent Et puis il regardait par-delà la fenêtre aphone Vers les bois et les prés où fleurit l’œillet À la fin de l’hiver dans l’arôme de mars et les bleues giboulées…
Trois caisses (Belleville c’est pas Barbès)
Belleville c’est pas Barbès Pour le gars d’Agadès Noir descendant de Cham Amoureux de Paname Belleville ça n’a pas d’âge Pour le Muslim El Hadj Quand il vient rue Bisson Au café des frissons
Belleville c’est pas Barbès
Pour le juif des schmattès Des peintres en salopette Belleville ça n’a pas d’âge Vue du vingtième étage Quand on cherche du taf Descendre à Télégraphe
Belleville c’est pas Barbès Vous m’en mettrez trois caisses De la bière Tsing-Tao Rue de Palikao Belleville ça n’a pas d’âge Pour les poivrots en nage
Qui foutent le boxon
Belleville c’est pas Barbès Ca vaut la peau des fesses Le 25 mètres carré La studette encombrée Belleville ça n’a pas d’âge Chambrées petites cages Les transports suburbains Dodo, tapin, turbin
Belleville c’est pas Barbès Rebelle au cheveu rêche Epargné par Haussmann Pour un supplément d’âme Belleville ça n’a pas d’âge -Râle et gueule, ça dégage ! - Quand Marianne enrage Dans les embouteillages…
… (Au final)…
Belleville c’est comm’ Barbès, Pain, jeux et tiroir-caisse Ca y est la messe est dite Mais dans les rues maudites De la ville diablesse Ta jeunesse transperce Mon cœur à la renverse De Couronnes à Anvers.
Belleville la nuit, Belleville City Ravitaillée en corbeaux de toutes races Immigréville en capitale en plein centre de l’urbain où ça sent bon l’humain Station Couronnes jusqu’au métro Jourdain Où le dragon chinois Se fait chat de casbah Où le papier gras à valeur de symbole Du casse-dalle à quat’ balles
Cran des chiens d’arrêt, au bar du Marocain La rencontre au sommet, à Paris c’est pas rien Cheb de Tizi-Ouzou contre Chang du Wenzhou Ca fait des étincelles dans le tissu urbain C’est du jus 2000 volts et c’est aussi du sang Ruisselant sur les pavés meurtris par les fers des marlous Effleurant les clodos de leurs parfums virils
Des carcasses de bagnoles Et le Kid qui s’envole En couchant la Carole Sur les banquettes arrière Quatorze berges dans les reins Et c’est déjà demain Qu’il faut trouver du taf’ L’est maintenant bien loin Le bled, loin le village Où se vendait très cher le billet espérance Pour un sacré paradis qu’on appelle la France Assommoir du zonard recyclé en prolo Magouillant pour draguer la fille d’un beau salaud Délire des graffitis, la rue Palikao et la rue Ramponneau C’est le marginal qui se libère ou alors t’es barjo Terrain vague du policier, version parisienne Des jungles du macadam, on y fête la centième Dans les troquets de Piaf où roucoule son blues C’est la java rouge de l’accordéon fou
Si on le rénovait ce quartier pittoresque Mille euros le studio y’aurait des amateurs Y’a déjà des bourgeois, encanaillés, farceurs Y’a déjà des vedettes du cinéma d’auteur Pour Paris insolite on chercherait des acteurs Quel imposant sujet que Paname en détresse Produit par Bollywood et Spielberg B de Mille Combinaison vinyle, rock n’ roll du kabyle Relax Max, Cool Raoul, Tranquille Bill Le pape le visiterait, il y prendrait une claque Spectacle de la misère e t misère du spectacle.
Les autochtones de la nuit payés par les feuilles à scandale La star déchue, lunettes noires, qui leur lit Verlaine ou Rimbaud Le hasard pur ou objectif pour une rencontre capitale La Tour Saint-Jacques ou le Pont Neuf pour une interview de Garbo La traduction simultanée en poésie de l’insolite La Seine qui fait sa toilette pour le congrès des crevettes roses Le bel été du bicentenaire et son message cosmopolite Le carnaval des mosaïques et la fraîcheur de ceux qui osent...
La faune du dernier métro, voiture-balai des noctambules Les doigts de fée d’une harpiste au Jeu de Paume des Tuileries Le clapotis du bateau-mouche quand les enfants soufflent des bulles Le jazzeman de vingt-cinq berges qui répète son blues de Paris Le charbon noir des idées-flèches sur la page blanche du synopsis Le scénario a pour héros un Chtimi nommé Belkacem L’envie de faire comme Wim Wenders un film sur une petite Alice Mais une chanson c’est plus facile, faut qu’j’la dépose à la Sacem...
Et si ma chanson « groove » Du pavé gris jusqu’aux toits roses C’est que sous mes mots couve La flamme d’un Paris grandiose. Et vive la métamorphose ! Et vive la métamorphose ! |